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Graines de Souris - Le blog de Sue-Ricette
5 mai 2020

Pour un moment

pour-un-moment- Tout va bien dans le meilleur des mondes pour Lady Stirvek. Alors que son meilleur ami, le roi Siegfried, vit désormais une belle idylle avec la reine Arela, c’est à son tour d’avoir droit au bonheur ! Fiancée au très beau Lord Perfax, elle pense enfin avoir trouvé l’homme parfait, celui qu’elle épousera par amour et qui deviendra le père de ses enfants. Toutefois, quand ce dernier trouve la mort dans des conditions peu glorieuses, la jeune femme s'effondre. Son cœur se brise et ses espoirs de bonheur sont anéantis.

Quand le roi Siegfried lui demande de bien vouloir épouser un Lord qu’elle n’a jamais rencontré afin d’assurer au royaume un avantage tactique face au Royaume de Lumière, elle accepte sans sourciller, trop abattue et désabusée pour attendre quoi que ce soit de la vie. Sa seule demande : avoir le droit de se retirer de la Cour pour retourner vivre sur ses propres terres.

Cependant, lorsque Lady Stirvek rencontre l’homme qu’elle doit bientôt épouser, elle se rend vite compte que, comme elle, il a déjà beaucoup perdu. Peut-être sont-ils faits pour s’entendre finalement… -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Liv Fox, l'auteure de ce roman, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Dernière histoire complétant le merveilleux cycle Pour une Romance composé par Liv Fox, et dont l'intégrale sortira prochainement, Pour un moment nous offre un ultime et somptueux voyage au coeur de l'amour, dans un pays glacé où le bonheur se croise parfois au détour d'une neige inattendue...

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  • Une quête de sens

Un roman brumeux, une atmosphère étrange, comme glaciale, qui nous plonge dans la tourmente amoureuse d'Evie Stirvek. Femme de caractère, lady sûre d'elle, ce personnage impose le respect et l'admiration par sa détermination, son impétuosité et son manque brut de considération pour les convenances. Elle est énergique, franche et sincère, mais reste avant tout sensible et émotive, cachant ce qui, à ses yeux, ressemble à un aveu de faiblesse vis-à-vis de sa personnalité atypique. C'est en quelque sorte une protection, un moyen de défense pour contrer la mesquinerie et les faux-semblants qui pullulent à la Cour du roi Siegfried. Partisane d'un humour ironique et taquin, d'une répartie désinvolte et libérée, lady Stirvek ne trouve du réconfort qu'auprès du souverain du Royaume du Froid, son meilleur ami. Marié à la belle Arela, dont nous avons découvert l'histoire juste ICI, Siegfried irradie de bonheur auprès de son aimée, tout comme celle-ci lui témoigne son affection et son amour démesuré.

Pourtant, tandis qu'il se dégage du couple royal une chaleur bienveillante, Evie se noie dans le chagrin du passé, les remords, la tristesse et la mélancolie de ce bonheur qui, pour elle, reste insaisissable. Le résumé parle de lui-même et l'histoire nous plonge dans le désarroi profond qui assaille le coeur de lady Stirvek. Plus par amour que par peur des rumeurs et autres commérages incessants au sein de la Cour, elle se réfugie dans la détresse de son âme, inondant son esprit de chimères heureuses et de souvenirs ingrats, douloureux... Malgré sa force de caractère, Evie est troublée, bien plus, en tout cas, que son attitude distante et ses manières neutres ne le laissent entrevoir. Personnellement, j'ai beaucoup aimé son personnage, car il se trouve aux antipodes de l'héroïne fragile qui se laisse simplement couler dans la dépression. Lady Stirvek, bien qu'anéantie par ce bonheur envolé, reste droite et garde la tête sur les épaules : si elle ne peut être véritablement comblée dans la vie, au moins pourra-t-elle mener son existence comme elle l'entend, quand bien même devrait-elle se marier sans amour !

Il est peu fréquent de voir passer dans la littérature des protagonistes qui balaient d'un revers de main la naïveté énamourée et la sempiternelle crédulité des sentiments. Ici, lady Stirvek fait fi des paillettes et des codes qui l'entourent, sa vie n'appartient qu'à elle et personne ne peut décider à sa place du rôle qu'elle souhaite ou non s'attribuer. J'ai apprécié cette indépendance caractérielle qui, cependant, masque une faille, celle du coeur. Evie comble donc ce manque par l'indifférence, la froideur et l'autorité qui la définissent si bien, et en même temps, la condamnent à la solitude et aux pleurs. Impossible de la détester pour ses jeux de mots un peu salaces ou ses remarques parfois déplacées ou inconvenantes pour une femme de son rang ! On ne peut que se délecter de la voir évoluer dans un monde qui ne lui sied guère et se joue d'elle, tendant au loin, telle une perche, une félicité inaccessible, aussi lointaine que les étoiles dans le ciel.

À l'opposé de lady Stirvek, il y a lord Huckle. Comment ne pas l'évoquer ? Tout à la fois charmant, séduisant, mystérieux, patient, indomptable et ténébreux, il est, tout comme son homologue féminin, brisé, détruit. Là encore, on ne peut que s'attacher à lui ! Pour autant, il ne s'agit pas de pitié ou de compassion de notre part, car l'écriture de Liv Fox parvient à rendre le récit vivant et crée en nous une personnalité unique, comme si s'ouvrait devant nous une porte, un passage vers cet univers enchanteur et romantique. On suit littéralement les personnages dans leur peine et leur incompréhension, non pas comme un lecteur extérieur, mais plutôt comme quelqu'un qui, bien qu'invisible aux yeux des héros, chemine à leurs côtés pour apaiser leurs craintes et libérer leur coeur des lourdes chaînes de doutes et de peurs qui les empêchaient de battre.

La lecture se trouve être ici une participation silencieuse, chatoyante, et relève d'une sorte d'interactivité entre les héros, le lecteur et cette entité tantôt malicieuse, tantôt cruelle, que l'on appelle le destin. Et, insidieusement, une question, une seule, se pose : l'infortune et les malheurs de notre vie ne sont-ils pas en réalité le chemin qui nous conduira, tôt ou tard, vers la joie, la chaleur, la lumière et les sourires de jours meilleurs ? C'est, je pense, une réflexion nécessaire pour mieux comprendre et aborder cette histoire, qui ne se résume pas à une romance érotique tout ce qu'il y a de plus banal. Au contraire, c'est une psychologie bien détaillée oscillant entre haine et amour, entre espoir et désillusions, laissant une multitude de sentiments contradictoires affluer dans notre esprit, se chamailler pour mieux s'apprivoiser et, finalement, peut-être chanter la véritable mélodie du coeur.

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  • L'évolution d'une plume

Romancière d'amour, Liv Fox compte déjà six histoires à son actif. Depuis que j'ai découvert sa série Pour une Romance, je me suis à chaque fois laissée embarquer par sa plume et son univers coloré, magique, intrigant, romantique à souhait, original et bien construit de bout en bout. À chaque fois, je me surprenais à attendre avec impatience sa prochaine parution, car la littérature sentimentalo-érotique est un genre que, de base, je lis peu. Pourtant, au fur et à mesure que je lisais chacune de ces romances, je me plaisais à suivre ces personnages, à les découvrir, les comprendre et les apprécier tels qu'ils sont, sans chercher à vanter leurs qualités ou, au contraire, à leur trouver mille et un défauts stéréotypés.

Ces ouvrages ont pour moi été des petits plaisirs littéraires, ils font partie de ces lectures qui nous coupent du monde extérieur et nous offrent une bulle hors du temps, rien qu'une heure ou deux, tout au plus, pour profiter d'une évadée romantique, sensuelle et merveilleusement belle. À quelques exceptions près, les romances (New Adult ou autres) qui mettent en scène de façon plus ou moins explicite les relations sexuelles des deux héros ne sont pas légion dans mes bibliothèques, car ce n'est pas une littérature vers laquelle je vais me tourner de prime abord... Mises à part certaines fois, où j'ai besoin d'une lecture légère, sans prise de tête et qui me fasse rêver, autrement ce n'est pas un genre littéraire que j'affectionne particulièrement. Pourtant, Liv Fox et ses romances ont su me convaincre de donner une chance à la littérature érotique, car en vérité, ce sont des romans que l'on sous-estime et qui renferment souvent bien davantage que ce que l'on croit...

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En résumé, Pour un moment est un adorable coup de coeur ! J'apprécie toujours autant le style d'écriture de l'auteure et la manière qu'elle a d'imaginer et de décrire tant les liens qui unissent ses personnages, que les sentiments qui les rapprochent ou bien les éloignent. C'est une magie subtile et intense, un rayon de soleil dans la grisaille environnante, une bouffée d'oxygène dans ce monde saturé, épuisé, un moment qui n'appartient qu'à nous et nous emmène loin au-dessus des nuages...

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Détails sur ce livre :

Pour un moment, autoédité en ebook

Auteur : Liv Fox

Nombre de pages : 175 pages (au format numérique)

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

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2 mai 2020

Istanbul, souvenirs d'une ville

istanbul-souvenirs-d-une-ville- Évocation d'une ville, roman de formation et réflexion sur la mélancolie, Istanbul est tout cela à la fois. Au gré des pages, Orhan Pamuk se remémore ses promenades d'enfant, à pied, en voiture ou en bateau, et nous entraîne à travers ruelles en pente et jardins, sur les rives du Bosphore, devant des villas décrépites, dessinant ainsi le portrait fascinant d'une métropole en déclin. Ancienne capitale d'un vaste empire, Istanbul se cherche une identité, entre tradition et modernité, religion et laïcité, et les changements qui altèrent son visage n'échappent pas au regard de l'écrivain, fin connaisseur de son histoire, d'autant que ces transformations accompagnent une autre déchirure, bien plus intime et douloureuse, celle provoquée par la lente désagrégation de la famille Pamuk – une famille dont les membres, grands-parents, oncles et tantes, ont tous vécu dans le même immeuble – et par la dérive à la fois financière et affective de ses parents. Dans cette œuvre foisonnante, magistralement composée et richement illustrée, Orhan Pamuk nous propose de remonter avec lui le temps de son éducation sentimentale et, in fine, de lire le roman de la naissance d'un écrivain. -

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Mon avis :

Comment aborder une telle oeuvre ? Comment, avec mes petits mots de blogueuse, rendre hommage à ce livre si dense et magistral, si beau et poétique ? Pour la première fois de ma vie, je me trouve au pied du mur, car j'ai l'impression que cet article, aussi complet puisse-t-il être, ne saura pas décrire tout ce que cet ouvrage magnifique et totalement unique en son genre m'a apporté. Un comble, me direz-vous, pour une chroniqueuse... Mais qu'importe ! Le défi est de taille, mais il ne me fait pas peur, car je sais qu'au plus profond de mon coeur demeurent les mots justes, ceux-là mêmes qui trouveront un écho en chaque lecteur qui découvrira ce billet, pour vous parler d'Istanbul, de sa vie et de ses innombrables trésors.

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  • Un dédale de rues

Tel un labyrinthe géant, Istanbul se dessine sous la plume d'Orhan Pamuk, ce contemporain nostalgique d'une vie qui fut, de celle qui est, et d'une autre qui, peut-être, ne sera jamais... Sur les ruines d'un ancien empire prospère et puissant, une autorité à nul autre pareil en son temps, l'Istanbul républicaine délaisse son histoire, comme si elle cherchait à renier son passé, à oublier les conquêtes, le pouvoir, la beauté, mais aussi la cruauté qui façonnèrent autant la gloire que la crainte, l'admiration autant que la terreur des centaines d'années de règne de la dynastie ottomane. L'auteur, perdu dans une contemplation méditative teintée de mélancolie, observe la déchéance de sa nation, de son pays, la décrépitude des rues et des quartiers, l'insalubrité des murs et des trottoirs sans jamais, pourtant, poser sur ce cocon de souvenirs un regard de haine. Orhan Pamuk tisse des liens invisibles entre le hüzün, cette tristesse spleenienne partagée par tous les stambouliotes, et les hauts et les bas de la ville, ses aléas politiques, économiques, historiques, sociaux, allant même jusqu'à créer un parallèle saisissant avec sa propre existence. Ainsi, il décrit avec beaucoup de sensibilité l'attachement qui nous lie à un lieu, qui nous rend indissociable de la vie de ce lieu et qui, jour après jour, au fil du temps, amène nos pas sur les souvenirs, les mémoires gravées pour l'éternité dans la pierre vétuste des maisons, dans le bois pourri et humide d'un abri de pêcheur qui, malgré le poids des ans et le désintérêt des hommes, tient encore debout, sait-on par quel miracle...

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"Quiconque souhaite donner un sens à sa vie s'interroge également, au moins une fois dans son existence, sur le lieu et l'époque de sa naissance. Que signifie être né à tel endroit et à tel moment de l'Histoire ? Cette famille, ce pays, cette ville qui nous sont attribués à la manière d'un ticket de loterie, que l'on nous demande d'aimer et que l'on finit le plus souvent par aimer pour de bon, sont-ils le fruit d'un partage équitable ?" 

 

"Comment donc la beauté d'une ville, la richesse de son histoire ou bien ses mystères pourraient-ils être des remèdes à nos souffrances intérieures ? Peut-être aussi que la ville où nous vivons, tout comme notre famille, nous l'aimons parce que nous n'avons pas d'autre solution ! Mais il nous faut inventer les lieux et les raisons à venir de notre amour pour elle."

(extraits d'Istanbul, souvenirs d'une ville)

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C'est un livre de questionnements, une invitation à la réflexion sur la condition humaine, les choix qui, trop souvent, ne sont pas les nôtres, mais résultent d'un conformisme sociétal insaisissable, incompréhensible, et qui nous poussent à accepter un destin dont nous ne voulons pas. Istanbul, c'est tout à la fois une ville opprimée et souveraine, contrainte de suivre les règles, la loi, et en même temps libre de modifier les codes et d'évoluer au rythme d'un monde en perpétuel changement. Orhan Pamuk se plonge dans les secrets insoupçonnés, les anecdotes refoulées et occultées du passé aussi lumineux qu'obscur de cette ville qui le fascine et l'appelle au plus profond de son âme. Istanbul ne vit pas aux dépens de chacun, son coeur bat par la seule et unique force commune des stambouliotes réunis par les mêmes sentiments, les mêmes émotions inconscientes qui les poussent à se créer une vie collective. Le hüzün, ce chagrin mélancolique ou réside une part de nostalgie désabusée, caractérise ainsi la culture, la manière de penser et d'agir de ce pays aux confins de l'Orient et de l'Occident.

D'ailleurs, pour Orhan Pamuk, il n'est pas si exact d'avancer une telle situation, aussi géographiquement vraie soit-elle. Pour l'auteur, c'est cette constante comparaison, ce rapprochement inéluctable opéré par nombre d'étrangers curieux aux désirs exotiques qui, en somme, nuit à l'authenticité, au charme premier, originel, de cette Istanbul disparue, évaporée dans les méandres des esprits, si peu consignée dans les archives historiques et ignorée de son temps par les pachas et autres prestigieux sultans. Le romancier se délecte autant qu'il se trouve dégoûté par l'occidentalisation totalement illusoire qui fit renaître (ou chuter, plus vraisemblablement) la Turquie dans son ensemble, et amena la capitale à se chercher une identité qui, malheureusement, n'était et ne sera jamais la sienne. Provoquer la refonte complète du pays entraîna autant de bouleversements bénéfiques que de destructions inénarrables d'un passé qui, du haut de sa lointaine existence, observe la médiocrité moderne que Orhan Pamuk décrit avec un mélange de curiosité, de lassitude et d'engouement certain à plonger au coeur même de cette ville qui l'a vu naître et grandir.

Pourtant, malgré la décadence d'Istanbul, l'auteur parle d'espoir, d'amour, de joie, de bienveillance et de tolérance. Entrecoupant les chapitres dédiés à cette ville qu'il aime par d'autres plus personnels, il nous confronte aux vicissitudes du temps qui altèrent notre esprit et abîment notre coeur. Les aléas de la vie ne doivent pas nous faire oublier qu'une ville, aussi décevante soit-elle à nos yeux, aussi sales, répugnantes et tristes puissent-être ses rues délavées et jaunies, telle une photo de famille que les années n'auraient pas épargnée, cette ville reste la nôtre et occupe dans notre coeur une place qu'aucun autre lieu sur Terre ne pourra jamais remplacer. Ainsi, le Bosphore, lieu emblématique d'une enfance heureuse et, pour Orhan Pamuk, témoin ancestral de nombreuses vies envolées, ne distingue pas le bien du mal et engloutit à tout jamais dans ses eaux mystérieuses les peines et les joies, les larmes et les sourires, les drames et les amours...

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"Le plaisir de se promener sur le Bosphore, de se mouvoir au sein d'une ville si vaste, si riche historiquement et si mal entretenue, vous fait éprouver la liberté et la force d'une mer profonde, puissante et animée. Le voyageur qui file, porté par les rapides courants, au milieu de la saleté, de la fumée et du brouhaha d'une ville tellement populeuse, sent que la force de la mer passe en lui et qu'au sein de toute cette multitude, de toute cette densité historique et de tous ces bâtiments, il est tout de même possible de demeurer libre, la tête haute."

(extrait d'Istanbul, souvenirs d'une ville)

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  • Une vie entre deux eaux

Istanbul, symbole d'un seul et même battement coeur pour des millions d'âmes, reflète également le passé, le présent et l'avenir de chaque individu. Orhan Pamuk se replonge donc dans son enfance et son adolescence, des périodes qui furent pour lui non pas synonymes d'insouciance et de légèreté, mais plutôt de doutes, d'incertitudes, de remises en question et de nombreuses interrogations quelque peu existentielles. Vivant au sein d'une grande famille, le petit Orhan habite dans l'immeuble familial construit par son grand-père. Les souvenirs de son enfance, partagée entre les bagarres incessantes et parfois douloureuses avec son frère, les entrevues régulières avec les autres membres de la famille, les disparitions inexpliquées de son père et la tristesse de sa mère, ne font pas remonter en lui une peine immense ou un mal-être qui ne cicatrisera jamais. Au contraire, ces pensées enfouies dans son inconscient rejaillissent avec une certaine détermination, un besoin de comprendre le petit garçon qu'il était alors et qui s'amusait à la seule idée d'imaginer un autre Orhan, semblable à lui, vivant autre part et dont il ne saura jamais rien. Les caprices scolaires, eux, lui permettent de se souvenir de sa grand-mère, à la fois douce et autoritaire, de ses instituteurs et du matraquage réglementaire dont quelque-uns faisaient preuve vis-à-vis des élèves, des amis, des petites amourettes d'école qui ne débouchèrent sur rien, mais également du premier véritable amour, plus tard au lycée, une histoire déchirante et pleine de rêves, désillusionnée dans la tourmente spirituelle des coeurs et de la bienséance...

Istanbul n'est pas seulement une ville, ni même ce livre à l'écriture dense et prenante, c'est un état d'esprit, un écho qui trouve sa résonance en nous et fait vibrer notre âme, fait frissonner notre corps d'un tremblement léger, nouveau et qui inscrit dans un coin de notre tête non pas son exotisme sensuel, mais sa force, son courage, sa beauté simple et grisâtre, ses bâtiments en ruines, ses charpentes calcinées, vestiges passionnants d'un voyage intemporel qui nous amène à découvrir la ville dans sa forme la plus pure, dépourvue des curiosités habituelles qui ne mettent sur le chemin de ce récit merveilleux que les superficialités d'un monde inconnu et lascif. Le véritable lien qui nous unit à Istanbul, c'est la force de vie qui se dégage de ses murs, la diversité et la richesse culturelle de la bulle dans laquelle elle évolue et qui, malgré le désir d'avancer sur la voie de l'occidentalisation, la maintient à l'abri des regards et la protège d'une chute irréversible, l'empêchant ainsi de sombrer définitivement dans le fleuve infini de l'oubli commun.

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En résumé, Istanbul, souvenirs d'une ville est un coup de ♥ intersidéral ! Pour moi, c'est plus qu'un roman, un essai ou encore une autobiographie écrite avec le coeur et la main d'un auteur passionné. C'est là l'oeuvre d'un écrivain qui aime profondément, viscéralement sa ville et qui s'attache non pas à conserver dans sa mémoire un souvenir impérissable de ce lieu qui lui est si cher, mais bien à écrire la vie, l'immortalité qui ne peut se voir ou s'entendre, mais seulement se ressentir dans les tréfonds de l'âme, là où demeure l'amour éternel qui jamais, ô jamais, ne s'éteindra.

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Détails sur ce livre :

Istanbul, souvenirs d'une ville, publié aux éditions Folio

Auteur : Orhan Pamuk

Nombre de pages : 560 pages

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

1 mai 2020

BILAN - Avril 2020

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Bonjour à toutes et à tous,

Et voilà le 1er mai ! Alors oui, une fête du (télé)travail en demi-teinte, il faut bien le reconnaître, entre le soleil qui nous boude, la grisaille qui s'en donne à coeur joie et l'actualité toujours aussi préoccupante... Mais finalement, le bonheur et la sérénité auxquels bon nombre d'entre nous aspirent en ce moment ne se trouvent-ils pas dans les plus petites choses ? Même s'il pleut, même si on aimerait mieux pouvoir sortir et profiter pleinement du dehors, des boutiques, des restaurants et autres, on est là, tous ensemble, réunis par des liens virtuels qui font que l'on n'oublie pas ceux qui sont loin de nous et qui nous manquent. Loin des yeux, mais pas du coeur... Et si vous avez la chance d'être confiné(e)s en famille, avec vos enfants, votre compagne/compagnon, sans oublier les petits poilus, alors souriez à tout ce qui vous entoure et ne désespérez pas : tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

Sur cette note que j'espère optimiste, il est temps de débuter le bilan de mon mois d'avril ! Au cours des trente derniers jours, je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer. Mon planning de travail était bien rempli, et comme j'exerce en EHPAD, la période actuelle n'est pas forcément facile à gérer... Malgré tout, entre deux jours de boulot, j'ai réussi à occuper mon mois avec de la lecture (of course !), quelques visionnages sur Netflix, du tricot et d'autres activités qui m'ont permis de m'évader.

J'ai notamment publié cinq articles sur le blog. Il y a eu le bilan du mois de mars ICI, et quatre chroniques sur différents livres que vous pouvez (re)découvrir en cliquant ICI, ICI, ou encore . Quelle sera votre prochaine évadée livresque ? Mystère ! Quoi qu'il en soit, ce fut un mois régulier au niveau des publications, car j'ai également posté quelques photos sur mon compte Instagram (si vous souhaitez me rendre visite là-bas, mon pseudo est @suericette). Tout cela me prend pas mal de temps et d'énergie, mais le plaisir est toujours de la partie, l'envie de partager est là aussi, alors j'ai bien l'intention de continuer à écrire sur la blogosphère, et ce, aussi longtemps que j'aurai des livres à vous chroniquer !

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Avril fut gris, avril fut venteux, avril fut pluvieux... et même si ce n'est pas une météo très printanière, j'ai adoré cette ambiance un peu automnale pour lire ! Trois livres lus ce mois-ci. Deux coups de ♥, une bonne lecture. J'ai tout d'abord découvert La petite voix qui chante au fond de votre coeur, une magnifique romance écrite par Isabel Komorebi et que je ne saurais trop vous conseiller de lire à votre tour. Le lien vers la chronique se trouve dans le paragraphe précédent, mais si j'ai bien un conseil à vous donner concernant cette lecture : foncez, vous ne serez pas déçu(e)s !

J'ai ensuite lu De la Terre à la Lune, un roman futuriste signé Jules Verne que j'ai bien aimé, mais qui, pourtant, n'est pas parvenu à me convaincre de bout en bout. Dommage, car je trouvais un certain potentiel à cette histoire quelque peu gâchée, à mon sens, par une surabondance d'informations... Il reste cependant un bon ouvrage de fiction, avec une intrigue visionnaire et passionnante, qu'il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie.

Enfin, dernière lecture du mois : Istanbul, souvenirs d'une ville. Que j'ai aimé ce livre ! Il m'a transportée, envoûtée, charmée, m'a permis de me questionner sur mon propre ressenti intérieur, sur ma manière de réfléchir, d'interpréter et de percevoir tout ce qui m'entoure. C'est un ouvrage contemplatif, poétique, dramatique, beau et qui interroge son lecteur en même temps que l'auteur se remet lui-même en question, arpentant les rues de son enfance, ces quartiers qui font naître en lui, en nous également, comme si Istanbul nous était familière et qu'elle nous appelait au plus profond de notre coeur, une mélancolie tout à la fois joyeuse et triste, sereine et incertaine. C'est un récit initiatique qui forge l'âme et développe le "moi" qui sommeille en chacun de nous, éveillant une spiritualité nouvelle, une pensée neuve sous le regard attendri, rêveur, nostalgique d'Orhan Pamuk, romancier d'une Istanbul qui n'est plus et qui, au fond, peine encore à se créer une identité qui ne sera jamais... Je pose ici ce mini-avis, reflet d'une autre chronique express postée sur Instagram, et je vous retrouverai d'ici peu dans l'article complet dédié à ce roman magique.

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Ce mois-ci, j'ai profité de quelques après-midi au calme pour regarder Netflix. En temps de confinement, c'est la plateforme cinématographique à avoir sous le coude ! Le catalogue s'est bien enrichi ces dernières semaines, notamment avec la mise en ligne des vingt-et-un films des studios Ghibli ^_^ Je suis une grande fan du travail de Hayao Miyazaki, le principal réalisateur de ces films d'animation, mais également de l'oeuvre musicale tout simplement merveilleuse de Joe Hisaishi, compositeur, interprète et chef d'orchestre sur plusieurs de ces longs métrages. Du coup, je me suis replongée avec plaisir dans Princesse Mononoké, mon Ghibli préféré et indétrônable jusqu'à maintenant ! Mais aussi dans Le Château Ambulant, qui se place juste après le premier dans mon classement (classement qui se résume d'ailleurs uniquement à ces deux films, car ce sont mes deux plus gros coups de ♥).

Princesse_Mononoke

le-chateau-ambulant

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Et voilà, bilan terminé ! Un nouveau mois se dessine, avec plein de nouvelles choses à vivre, partager et découvrir. En espérant que la météo soit plus sympathique avec nous en mai... C'est difficile de garder le moral en ce moment, mais si même l'espoir de voir un jour le bout du tunnel s'envole, alors que nous reste-t-il ? Car finalement, c'est l'espoir qui nous fait vivre et nous donne la force et la volonté d'avancer.

Je vous souhaite un bon 1er mai, entouré(e)s des personnes que vous aimez, et je vous dis à bientôt pour un prochain article.

Sue-Ricette

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Han Solo vous envoie de la force également. Ciao tout le monde !

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