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Graines de Souris - Le blog de Sue-Ricette

26 septembre 2020

Le fin sauveur du monde

le-fin-sauveur-du-monde- C'est lors d'un puissant tremblement de terre dans un pays émergent que Damyr voit le jour. Protégé au milieu des décombres par les dépouilles de ses parents morts sur le coup, le nouveau-né a miraculeusement survécu. Adopté par un couple d'Occidentaux, il grandit entre deux opposés : une mère astronaute idéaliste et un père fossoyeur désillusionné, l'optimisme et le désenchantement. Enfant précoce, Damyr a toujours soif d'apprendre et développe son sens critique. Ses dons phénoménaux et son désir de sauver la planète du péril climatique donnent foi en un avenir meilleur pour le monde. En sera-t-il le sauveur ? -

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Mon avis :

Je tiens à remercier les éditions Librinova, ainsi que Marco Bélanger, l'auteur, de m'avoir accordé leur confiance pour la lecture et la critique de ce livre.

Une lecture a-t-elle le pouvoir de réunir entre ses pages tout ce qui fait la beauté et la force du monde au coeur même des pires tourmentes ? Sommes-nous réellement en droit d'attendre que tout, autour de nous, se change, s'effondre et se détruise ? Rien, sinon une véritable prise de conscience collective mais aussi individuelle, ne saurait nous faire changer de trajectoire... Alors, que peut-on espérer d'un petit ouvrage comme Le fin sauveur du monde ? Au fil des mots, sa lecture atypique enchante autant qu'elle impacte et ne laisse personne dans l'ignorance des faits.

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  • L'amour pour épée, l'humour pour bouclier

C'est sur cette citation de Bernard Werber que j'introduis ce premier paragraphe, car il reflète à merveille la subtilité ironique, sarcastique, caustique même, que met en scène Marco Bélanger dans son roman. Comment aborder le sujet de la déchéance humaine, planétaire, sans brusquer le lecteur curieux ? Usons de l'humour, d'une désinvolture légère sans être trop complaisante avec elle-même, prenons la thématique à bras le corps et faisons des plus sombres prédictions d'avenir une leçon de vie. La Terre est déjà engagée sur le chemin du non-retour, sa fin, proche ou lointaine, semble inéluctable, et pourtant... L'auteur se propose d'imaginer Damyr, un garçon unique né lors d'un violent séisme dans un pays pauvre en proie à la famine, à la guerre, aux conflits intérieurs et extérieurs. De cette naissance inattendue, voire même miraculeuse, résulte une histoire aux fondements philosophiques, à la perspective initiatique particulière qui rend l'intrigue vraiment intéressante à suivre. Le fond renferme cette part d'incertitude teintée des questionnements sociaux, sociétaux, environnementaux et politiques émaillant la pensée de l'auteur. Non pas qu'il remette en doute les choix de l'humanité, son évolution, mais son cheminement spirituel et intellectuel, vécu à travers les yeux de Damyr, touche et interpelle, déstabilise et enseigne, apprend que la vie, dans sa nature sauvage, cruelle, impitoyable, passe par quatre étapes dans le renouveau de son écosystème : les prémices, le paroxysme, la déchéance finale et la naissance d'un monde nouveau.

L'Histoire nous a montré que rien n'est voué à durer, tout naît, vit et meurt, disparaît dans les méandres de l'infini, se perd dans le long fleuve sinueux du temps. Pourtant, si la fin est inévitable, son échéance ne saurait se rapprocher davantage si l'Homme comprend et apprend de ses erreurs passées et présentes. Il peut retarder ce délai, se recentrer sur lui-même, sur les véritables enjeux qui seuls doivent le préoccuper, être l'objet de son attention. L'équilibre et l'harmonie sont indispensables à la bonne marche d'un tout, que ce soit au sens large et commun, ou bien à plus petite échelle. Sous les traits de Damyr, Marco Bélanger incarne ainsi la neutralité bienveillante et tolérante, celle qui constate, entend, voit et sent, se donne les moyens d'agir à son niveau, mais aussi d'ôter les oeillères aveuglant le plus grand nombre. Il demeure malgré tout une distance, car l'auteur laisse le choix à son lectorat d'adhérer ou non à sa vision du monde, il ne souhaite pas créer un autre opposé, celui de s'obliger à accepter les choses : chacun est libre ou pas de mener son propre combat, à sa manière, sans que le jugement de qui que ce soit interfère dans son quotidien et détourne sa personnalité.

Au cours de ma lecture, j'ai pu me rendre compte que l'Homme n'aime pas être mis au pied du mur, se trouver devant un fait accompli, car il n'aime pas apprendre la vérité de manière frontale et objective, et la mésentente directe entre points de vue divergents l'amène à s'écarter de la discussion, à s'éloigner des doutes qui l'auraient progressivement étreint jusqu'à l'amener sur la voie d'une autre éducation. Le fin sauveur du monde m'a permis de voir que l'on est souvent impuissants face à une situation donnée, mais que nous avons malgré tout la capacité de changer le cours des choses, même de façon minime, dérisoire. Nos actions, bonnes ou mauvaises, sont donc pour nous la clé d'un futur que nous sommes seuls à pouvoir écrire, raturer et modifier : nous pouvons aimer ce monde sans le blesser, le défigurer, l'assécher, le briser, le tuer et l'éteindre telles les braises d'un foyer encore chaud.

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  • Une nouvelle Terre

La plume de l'auteur est piquante, dérangeante pour qui ne parvient pas à ressentir la saveur aigre-douce de son écriture ! Bien que court, ce roman se veut à la fois distrayant et constructif. Son contenu, loin d'être creux et dénué d'arguments, arbore un aspect quelque peu corrosif par moments, comme s'il osait braver certains interdits, s'affirmer et défier les lois de la bien-pensance. C'est un anti-conformisme littéraire original, innovant, dramatique et ingénieux, rêveur et solitaire, décadent et touchant... Car il suscite chez le lecteur une foule d'émotions qui, autant qu'elles le perturbent, lui donnent envie d'en savoir plus pour que son monde intérieur cohabite avec son univers extérieur. Marco Bélanger a créé Damyr comme étant un personnage à part entière, et sa différence pose également la question d'un retour aux valeurs morales qui définissent l'humanité. Rien n'est envisageable quand la discorde règne entre les peuples, quand le mépris rejoint l'indifférence et s'associe avec l'injustice... La force des liens et l'unicité de tous sauront rendre ses couleurs, sa beauté et sa magie d'antan à cette Terre que nous foulons chaque jour sans prendre le temps de la remercier.

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En résumé, Le fin sauveur du monde est une très bonne lecture ! Le parcours de Damyr enseigne autant qu'il ravit et inquiète, car ses actions, aussi imaginaires soient-elles, inculquent une façon peu commune d'être et d'appréhender le monde, de le voir dans ce qu'il a de simple et d'essentiel. L'auteur a su écrire avec toute la conviction d'un romancier passionné et investi, et avec toute la bienveillance et la générosité que renferme le coeur des hommes.

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Détails sur ce livre :

Le fin sauveur du monde, publié en ebook aux éditions Librinova (existe aussi au format papier)

Auteur : Marco Bélanger

Nombre de pages : 126 pages (au format numérique)

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

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25 août 2020

L'écho des murmures

l-écho-des-murmures- Deux Royaumes opposés, deux destins contraires, une seule issue...

Emma le sait, rien ne s’oppose plus au Royaume de Lumière que le Royaume du Froid. Quand le premier évolue sous un soleil éclatant, le second se perd sous les neiges éternelles et les vents glacials. Alors que des accords ne cessent de rapprocher les deux partis, elle s’efforce de soutenir Arnald, son époux et roi du Royaume de Lumière, mais une menace gronde : des rebelles troublent la frontière et forcent bientôt les deux souverains à convenir d’une rencontre pour s’entendre sur une solution. Quand les deux Cours se retrouvent obligées de partager leur quotidien, les esprits s’échauffent et la tension augmente. Les Ducs s’opposent, les Dames de la Cour s’agacent et Emma prend sur elle de garantir la paix, mais elle porte en elle l’héritier royal et l’animosité lui pèse. Tandis que la menace se précise, l’opposition n’est bientôt plus une option...

Parviendront-ils à unir leurs forces malgré ce qui les sépare ? -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Liv Fox, l'auteure de ce roman, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Après avoir lu avec régularité les courtes romances écrites par Liv Fox, me voici de nouveau plongée dans son univers de Fantasy médiévale créé de A à Z ! Avec ce premier roman, l'auteure ose et approfondit ce que ses premiers livres avaient introduit de manière douce, subtile et merveilleuse. Pourtant, bien que bercée par l'amour qui entoure chacun des personnages, flotte une ombre menaçante qui, comme vous pourrez le lire dans cette chronique, donne un nouveau souffle, une portée épique aux écrits de la jeune romancière...

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  • Retour aux sources

Ici comme ailleurs, Liv Fox fait montre d'un romantisme langoureux, dynamique, entreprenant et plein de vie. Un amour chatoyant, lumineux, sincère et véritable unit tous les protagonistes des deux royaumes voisins précédemment mis en lumières dans leurs récits respectifs (ils sont à découvrir juste , si vous ne les connaissez pas). Quel plaisir, d'ailleurs, de tous les retrouver dans cette nouvelle aventure qui, si je suis bien informée, se déclinera en trois tomes ! L'écho des murmures, premier volume de cette future trilogie, s'inscrit dans la suite logique des divers ouvrages constituant le vaste univers de Pour une Romance, créant ainsi une proximité affective entre l'auteure et le lecteur, rappelant à notre souvenir les histoires des différents couples qui peuplent l'imaginaire de la romancière. Ainsi, au fil des pages et au gré des mots, l'on se remémore avec une douce nostalgie la rencontre d'Emma et Arnald, celle d'Elana et James, de Mary et Willem, et de bien d'autres encore... Notre coeur est plus léger, plus vivant que jamais à la seule idée de les savoir heureux ensemble. Rien ne saurait effacer leurs sentiments réciproques, rien ne pourrait entraver la route de leur bonheur, rien ne saurait mettre à l'épreuve leur complicité mutuelle. Rien, sinon la menace silencieuse et dangereuse d'une rébellion inconnue à la frontière de terres peu accueillantes que seule l'union des deux royaumes ennemis pourrait peut-être endiguer. Discrètement, Liv Fox libère une magie narrative plus forte, plus évocatrice et romanesque ! Il se dégage de sa plume une férocité féminine, une détermination masculine, un besoin commun de sécurité et l'assurance de tous de sauver leur monde d'un péril plus grand. Chaque chapitre m'a permis de ressentir l'intensité, l'effroi, la panique parfois indescriptible qui hante les esprits des hommes et des femmes, et étreint sans relâche leurs coeurs meurtris, éprouvés, déstabilisés...

Qui d'autre, sinon leur créatrice, saurait mieux rendre compte des émotions qui habitent les nobles dames de la Cour ? Qui, encore, pourrait se permettre de décrire la rage virile qui anime leurs tendres époux ? Personne ne le peut, sauf l'auteure, amateure d'amours enflammées et de passions brûlantes une fois la nuit venue, à la lueur des chandelles d'une époque révolue et pourtant si mystérieuse... Comment ne pas percevoir le charme d'une telle ambiance et, en même temps, la détresse qui émane des différents personnages ? Comment ne pas s'émouvoir, ne pas se laisser pousser par la curiosité pour tenter de comprendre les machinations du destin ? Tantôt terriblement farceur, tantôt purement merveilleux, le hasard écrit l'histoire de deux royaumes que tout oppose et qui, cependant, s'unifient sous l'égide d'une entraide nécessaire et d'une paix durable. Malgré tout, se dessinent au loin les contours d'un futur sombre et inquiétant que ce premier tome, aidé d'une écriture habile et rêveuse, laisse à peine entrevoir, percevant à l'horizon de la suite prochaine les innombrables dangers de l'écho des murmures...

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  • Accueillir le renouveau

Fidèle à sa ligne directrice, Liv Fox guide son récit, en tisse la trame et lui donne une vigueur inédite. Au-delà de l'aspect primaire du roman, celui de la romance teintée d'une légère touche d'érotisme, l'on discerne les formes nettes d'un récit plus rocambolesque, plus vif, capable de capter pleinement l'attention du lecteur, de le sensibiliser, de l'accompagner dans cette démarche littéraire innovante pour mieux le toucher, l'attendrir, lui faire mal aussi, car l'auteure se fait plus audacieuse auprès de ses personnages, les submergeant de doutes, d'incertitudes, de complexes divers, de rancoeurs, de silences pesants, de tumulte infernal, de peurs incontrôlables... Elle leur donne ainsi une perméabilité, une souplesse psychologique que les histoires de Pour une Romance avaient introduites dans la tolérance, la patience et le respect de tous. Emma autant qu'Arela ou Evie, ou encore Arnald, Siegfried et Waylan sont mus par la seule volonté de leur coeur, celle de se battre. D'exister pour ne pas simplement vivre, de sentir l'air frais du matin pour ne pas seulement respirer, de crier son amour et son désir dans l'osmose parfaite des corps pour que subsiste toujours la flamme des sentiments éternels.

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En résumé, L'écho des murmures est une excellente lecture ! J'ai adoré ce moment hors du temps, cette coupure dans les instants du quotidien, cet entracte nécessaire, telle une bouffée d'oxygène. Autrement, si les récits de Pour une Romance vous sont inconnus, il n'est malgré tout pas impossible de se plonger dans ce roman, accessible et compréhensible de chacun(e). Et si vous étiez quelque peu hésitant(e)s, vous n'avez maintenant plus aucune raison de ne pas vous laisser tenter...

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Détails sur ce livre :

L'écho des murmures, autoédité en ebook (existe aussi au format papier)

Auteur : Liv Fox

Nombre de pages : 355 pages (au format numérique)

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

13 juillet 2020

Margot des pleines lunes

margot-des-pleines-lunes- Margot a dix-sept ans et des airs d’héroïne romantique. Elle rêve d’un destin d’artiste, loin du Coteau où elle mène une existence compliquée. Un secret la contraint en effet à la solitude, une différence que nul ne pourrait comprendre : les nuits de pleine lune, elle quitte son corps pour celui d’une biche blanche. Les chasseurs de la région sont en émoi et l’un d’eux se montre particulièrement insistant. Personne à qui se confier, pas même Renaud, son frère aîné et tant aimé ! D’ailleurs, que pourrait-il, lui qui est plongé dans les doutes existentiels depuis son retour au Coteau ? L’étau se resserre chaque jour un peu plus autour de Margot. Les ombres se multiplient dans son sillage. Et c’est l’histoire familiale entière qui se révèle à elle dans la tourmente de son présent… -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Bruant d'Almeval, l'auteur de ce roman, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Il y a bien longtemps que je ne m'étais pas tournée vers la littérature jeunesse ! Revenir aux sources s'avère parfois nécessaire, histoire de se déconnecter un peu des préoccupations actuelles, de la morosité ambiante, sans pour autant couper totalement le lien avec le carburant de l'esprit : les mots. Car les mots ont ce pouvoir, quel que soit le public auquel ils s'adressent et l'âge que peut avoir ce lectorat, ils ont cette force pour faire d'un moment calme, intime, partagé dans le secret des lignes entre l'auteur et son lecteur, une histoire à la dimension littéraire tout simplement incroyable.

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  • La découverte d'un âge oublié

Le temps. Insaisissable, immatériel, indomptable. Ses ravages, aussi destructeurs puissent-ils être, ne sauraient-ils accepter la complémentaire dualité les opposant à ses prouesses salutaires ? Dans la masse nébuleuse et hétéroclite du raisonnement humain, se cherche la réponse immémoriale tant convoitée, tant espérée. Dans son éternelle quête spirituelle, l'homme sera-t-il un jour capable de trouver la clé de cette énigme et, au crépuscule de son existence, de comprendre son passé pour mieux vivre son avenir ? C'est ainsi que je perçois Margot des pleines lunes, un roman qui, au premier abord, semble s'adresser à un public plutôt jeune, mais qui, en fin de compte, se fait l'analogue autoédité du Petit Prince de Saint-Exupéry. Une lecture que l'on emporte dans notre coeur, que l'on savoure et dont chaque page renferme un trésor inépuisable. Les mots dansent, se multiplient, se mélangent pour créer un récit à la frontière du rêve et de la réalité. Le côtoiement de deux univers semblablement différents, et pourtant si proches... À l'orée d'une vie nouvelle, la vie d'adulte, l'envol vers des terres lointaines, ne saurait-on faire ressurgir l'enfant intérieur qui sommeille en nous ? Margot a pour elle la réflexion, la maturité, la stabilité émotionnelle, la logique, mais garde dans son coeur une part de la petite fille qui fut et qui ne disparaîtra jamais vraiment. C'est cette insouciance, cette légèreté dissimulée en elle sous la forme pure, belle et mystérieuse d'une biche blanche qui la rend si attachante aux yeux du lecteur. Sa détermination teintée, quelque part, d'une forme de renoncement, lui permet progressivement de se situer, de savoir qui elle est vraiment et qui elle choisit d'être.

Il ne s'agit pas d'avancer pour mieux reculer, car plongée dans les souvenirs à la fois tendres et douloureux de son enfance, Margot se réinvente, se dessine et trace sa propre route. Elle hésite, mais inconsciemment, ses pas la mènent vers son moi intérieur, ses aspirations profondes, ses sentiments humains, sa peur animale... Sa transformation peut ainsi s'apparenter à une métaphore tout ce qu'il y a de plus poétique, artistique, et conférer au récit ce côté magique, irréel, touchant. Toutefois, je pense que l'auteur s'attache tant à l'aspect tangible de son intrigue, rendant les métamorphoses de la jeune fille concrètes sous sa plume, qu'à celui, plus onirique et spirituel, philosophique même, sublimant le charme littéraire de son oeuvre. Au cours de cette histoire, Margot apprend véritablement à se connaître, se cherchant sans réellement se comprendre, comme si sa vie venait à peine de commencer... Comme si rien d'autre n'avait pu exister auparavant et que le monde s'offrait désormais à elle, oscillant entre l'exaltation de ses sens et la crainte sourde qui la tenaille à chaque instant. Avec ce roman, Bruant d'Almeval exploite à merveille le thème non pas de la renaissance humaine, mais de la venue au monde de chacun(e) dans ce qu'elle a d'initiatique, de révélateur : notre vie ne commence vraiment que lorsque nous décidons de nous affranchir du passé et du poids qu'il fait peser sur nos épaules, de laisser s'exprimer pleinement la liberté confinée, enchaînée en nous et qui nous maintient irrévocablement prisonniers de nos tourments tandis que les fantômes de l'incertitude déposent sur notre coeur le baiser glacé, mortel, du doute.

Aux côtés de Margot, c'est tout un pan de notre propre existence qui se dévoile. On suit avec passion et intérêt cette jeune fille timide et pourtant pleine d'assurance dans son périple nocturne sous les traits d'une biche immaculée luttant pour protéger sa vie. La biche, reflet de l'âme humaine, miroir de nos émotions profondes, illusion mentale d'une double identité, d'une existence parallèle rêvée, se manifeste tel un songe les nuits de pleine lune, comme pour créer l'ambiguité, l'ambivalence même de dissocier et, en même temps, de laisser se confondre en un seul être les deux parts de nous-mêmes en dormance, somnolant dans un coin de notre tête, mais prêtes à répondre à l'appel de notre coeur.

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  • Lecture jeunesse, et plus si affinités !

Margot des pleines lunes est tout sauf un roman visant uniquement un public jeune. Petits et grands sauront, selon leur âge, apprécier à sa juste valeur le récit des aventures de Margot, piochant ici la ténacité de l'adolescente face à l'injustice environnante, dénichant là la douceur merveilleuse et envoûtante de la double lecture qui, au fil des pages, se dégage sous le regard attentif du lecteur aguerri. Les interprétations ne manquent pas et permettent à chacun de s'approprier le récit à sa manière, avec sa vision des choses, sa perception des détails, subtils mais sublimes, éparpillés au gré des chapitres par l'auteur pour mieux satisfaire l'appétit livresque et la curiosité de tous. La plume de Bruant d'Almeval est si poétique que, sitôt commencé, le roman se dévore en même temps qu'il se savoure ! Les arts de toutes sortes se trouvent habilement mêlés, réunis dans une seule et même oeuvre, captés avec modestie, humilité et générosité. Impossible de se défaire de cette histoire, de ne pas y repenser une fois le livre refermé et soigneusement rangé dans la bibliothèque. Margot nous suit, nous invite à réfléchir à son destin, au nôtre, et à voir que la vie, dans le plus grand des hasards, nous fait parfois don de cadeaux inattendus...

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En résumé, j'ai adoré lire Margot des pleines lunes ! Coup de ♥ absolu. Petit roman s'il en est, grand ouvrage à lire et relire sans modération, pour le plaisir de la lecture et l'enchantement de tout un chacun. Laissez-vous transporter dans un ailleurs qui n'en est pas vraiment un, dans un monde appartenant à la réalité d'un univers nocturne incroyable pour qui sait le voir...

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Détails sur ce livre :

Margot des pleines lunes, publié aux éditions Librinova (en ebook)

Auteur : Bruant d'Almeval

Nombre de pages : 122 pages (au format numérique)

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

11 juillet 2020

Nos amours impossibles - Tome 1

nos-amours-impossibles-1- À dix-huit ans, Sofia s’apprête à passer le bac. Consciente de ne pas pouvoir assouvir sa passion pour la danse, elle espère toutefois avoir l’occasion d’entreprendre des études secondaires. Mais le décès brutal de son frère va considérablement modifier ses plans. Contrainte de trouver un emploi sous peine d’être mariée de force par son père, elle se retrouve obligée de tenir compagnie tout l’été à Stanislas, un élève de son lycée condamné à purger une peine de prison en étant assigné à résidence. Or, Stanislas n’est pas seulement le garçon dont Sofia est tombée amoureuse quelques années plus tôt, c’est également celui qui lui a fait subir sa plus grosse humiliation. Entre rancœur et incompréhensions, la cohabitation entre les deux adolescents va s’avérer épineuse... -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Ninon Amey, l'auteure de ce roman, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Il est des auteurs dont le travail me charme dès le début, sans avoir seulement lu une page de leurs écrits... Leurs manuscrits me touchent profondément, font naître en moi des émotions que la lecture seule sait transmettre, et véhiculent dans tout mon être une impatience indéfinissable oscillant entre l'excitation pure et la joie teintée de larmes à l'idée de plonger dans un nouvel univers, de découvrir de nouveaux personnages et de renouer avec le style de l'auteur, ces particularités narratives qui font toute la beauté, la puissance et la magie de chacune de ses histoires. Ils sont pour moi le réconfort, le refuge douillet de mes sentiments, la forteresse imprenable des sensations que leurs récits me procurent...

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  • Ninon Amey ou le secret des romances

Je ne sais pas comment aborder cette chronique, comment trouver les mots justes qui seraient capables de rendre justice à cet ouvrage. Ninon Amey, auteure autoéditée que j'affectionne tout particulièrement et dont j'ai parlé à de nombreuses reprises sur le blog, signe aujourd'hui Nos amours impossibles, son nouveau livre, un roman young adult qui se verra divisé en deux tomes (ou plus), et dont la suite est prévue d'ici quelque temps. Une lecture dont j'ai apprécié chaque moment passé en compagnie de Sofia et Stanislas, les deux héros, et qui, une fois n'est pas coutume, permet à l'auteure de mettre en lumière des sujets que l'on préfère généralement taire, car tabous ou plutôt délicats à aborder. La sensibilité qui se dégage de la plume de Ninon Amey tend ainsi à introduire de la manière la plus douce et la plus réaliste possible la thématique du mariage forcé. D'autres points sont également évoqués pour rendre cohérent l'ensemble du récit, comme la condition des femmes dans les sociétés patriarcales, le mensonge, la drogue, les violences familiales... C'est un roman qui a du cran, un roman qui ose et qui va loin, qui redéfinit le sens premier du mot liberté : être libre de s'exprimer, de raconter, de faire part à ceux qui le souhaitent des connaissances dont ils ignorent peut-être l'existence, pour que le silence et la peur ne soient pas les maîtres tout-puissants de la pensée humaine. Si le défi semble quelque peu risqué au premier abord, après lecture, il est totalement inenvisageable pour moi de taire mon ressenti ici, sur mes pages, et de ne pas vous livrer mon avis sur ce petit bijou de la romance contemporaine qu'est Nos amours impossibles !

Je ne saurais définir clairement la rage, la peine et l'incompréhension qui côtoient dans la plus belle forme de romantisme qui soit l'amour véritable, les sourires et les confidences silencieuses qui s'éparpillent au fil des pages et rythment les chapitres, telle une symphonie mélodique sur laquelle Sofia, l'héroïne, s'épanouirait sans le moindre accroc. Il y a du désespoir, de la peine, de la colère aussi, des cris sourds, de la détresse, des angoisses réelles qui compriment le coeur, prêtes à le briser, à le faire exploser en mille morceaux... Et pourtant, au milieu de cette haine douloureuse, dans l'oeil même du cyclone de tourments qui assaillent Sofia, un rayon de soleil perce à travers les nuages noirs qu'elle a pour seul horizon, une trouée lumineuse qui ne s'apparente en rien à une solution ou un salut quelconque : c'est sa raison d'être, sa raison de vivre, de respirer, d'exister pour ce qu'elle aime véritablement et celui que, dans le silence timide de son coeur, elle désire plus que tout au monde. Chaque ligne de ce livre renferme une poésie aussi triste que paisible, aussi chagrine que sereine, et confine en elle cette part de bonheur auquel chacun(e) de nous aspire. Sofia et Stanislas sont les Roméo et Juliette des temps modernes, liés par un amour impossible, inavouable, un amour que la vérité seule peut réunir et combler ou, au contraire, séparer dans la souffrance et l'égarement.

Je me suis attachée tant aux personnages qu'aux problématiques, actuelles et malheureusement trop peu soulevées dans nos sociétés qui s'idéalisent, car Ninon Amey possède dans son écriture cette simplicité bienveillante qui développe de manière respectueuse et pacifique sa perception du monde, des codes qui le régissent et qui redessinent l'humanité comme une notion d'indifférence et de mépris social. S'il ne néglige pas le côté romantique de l'histoire, ce premier tome est avant tout un livre qui joue cartes sur table : comme son héroïne, l'auteure s'affranchit, se réinvente, choisit d'écrire pour ses lecteurs, pour le ou la romantique qui sommeille en eux, mais surtout pour libérer sa parole, pour que sa voix porte et ne reste pas dans l'obscurité des tiroirs de l'oubli, par seule et unique crainte d'être submergée par une vague d'intolérance, d'incompréhension, et par la négativité collective.

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  • Un nouveau cap

Avec Nos amours impossibles, c'est une toute nouvelle route qui se trace pour la romancière. Une voie d'engagements manuscrits et posés sans jugement, sans valeur moralisatrice. Libre à nous, lecteurs, de prendre conscience ou pas de tout ce qui nous entoure, de notre mode de fonctionnement, des savoirs que nous inculquons à nos enfants et que eux-mêmes transmettront plus tard à leur tour. Au travers de cette histoire, il y a un réel apport littéraire et culturel que je trouve essentiel de partager pour que le décalage entre passé, présent et avenir ne soit pas une fatalité, mais plutôt un bienfait qui nous aiderait à avancer dans le respect de chacun(e). Sur fond de romance, Ninon Amey a écrit un magnifique plaidoyer qu'une citation de la chanteuse Aretha Franklin illustre, à mon sens, parfaitement :

"Nous exigeons et voulons tous le respect, homme ou femme, noir ou blanc. C'est notre droit humain fondamental."

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En résumé, Nos amours impossibles s'impose comme un coup de ♥ ! Comment pourrais-je qualifier autrement cet ouvrage ? Je ne peux pas, tout simplement, car c'est ce qu'il est : un coup de coeur qui s'ignore. Chacun des romans de Ninon Amey fut pour moi une lecture inoubliable, intense et merveilleuse, mais celui-ci est sans aucun doute le plus abouti et le plus riche de toute sa bibliographie. Le charme opère à chaque page, nous transportant tantôt dans les inquiétudes et la douleur de Sofia et Stanislas, tous deux extrêmement attachants, tantôt dans leur combat acharné, leur lutte quotidienne pour s'aimer malgré les interdits, envers et contre tout.

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Détails sur ce livre :

Nos amours impossibles - Tome 1, autoédité en ebook (existe aussi au format papier)

Auteur : Ninon Amey

Nombre de pages : 386 pages (au format numérique)

Sortie le 10 juillet 2020

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

6 juillet 2020

Le Monde déviant

le-monde-déviant- À vivre au-dessus des nuages dans un monde déliquescent, Sam Hartley a fini par se croire à l’abri de la colère divine. Le destin, sous la forme d’un message qui ne lui était pas destiné, bouleversera sa vie préservée de « lécheur de ciel ». Une femme et son enfant l’entraîneront vers des contrées insoupçonnées où l’amour se mérite. Le courage de Sam sera mis à rude épreuve : l’existence même de son monde est en jeu. -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Brice Milan, l'auteur de ce roman, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Sortons des sentiers battus, allons au devant de l'inconnu, partons sur les chemins littéraires de l'autoédition... Brice Milan, dont je vous ai déjà parlé sur le blog au travers de plusieurs chroniques, rompt, le temps d'une histoire, avec le genre de la fantasy. Direction la science-fiction ! De la SF sombre, futuriste à souhait, dans un monde en proie à la désolation où seule une faible lueur d'espoir brille encore dans le ciel de l'humanité.

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  • La déchéance de l'homme

La science-fiction est une littérature vers laquelle je me tourne finalement assez peu. J'ai du mal à m'y retrouver et à apprécier pleinement les concepts qui y sont proposés. Pourtant, certains ouvrages font exception et me permettent de temps à autre de sortir de ma zone de confort. Le Monde déviant, premier roman SF écrit par Brice Milan, m'a ainsi plongée dans un monde à mi-chemin entre la pointe techno-scientifique du futur et l'apocalypse dans sa définition la plus primaire. Rien n'est plus délicieusement ambigu que cet univers qui se veut utopique, idéal, mais qui cache en réalité la misère des sociétés opprimées et soumises à l'autorité de minorités toutes-puissantes. La cité imaginaire de New-Rop, dernier joyau et rempart d'une peuplade en plein effondrement, abrite en son sein les secrets d'une époque lointaine et oubliée de tous, une ère ancienne qui vit renaître des cendres du passé les ailes d'un phoenix porteur d'espoir et de promesses... Naïves illusions qui conduisent ainsi l'auteur à s'impliquer, à se fondre dans le décor qu'il a créé pour mieux le modeler et l'aider à évoluer vers sa ruine finale.

J'ai adoré suivre ce cheminement de pensée, cette manière d'appréhender, par le biais d'un avenir que nous ne connaîtrons certainement jamais, les enjeux géopolitiques, sociétaux, sociaux, environnementaux et humains que le romancier définit dans un cadre anarchique pour mieux solliciter l'attention de son lecteur. Cette forme habile de caricature implicite de nos sociétés mondiales actuelles qui se désagrègent progressivement est vraiment judicieuse, car la fiction sert véritablement le récit qui, s'il fait la part belle à un univers des plus incertains sur la forme, s'inscrit dans un contexte tout ce qu'il y a de plus contemporain sur le fond. Le Monde déviant est un roman plus profond et réfléchi qu'il ne semble au premier abord, on le découvre véritablement à mesure que les chapitres se succèdent et nous entraînent au coeur d'une aventure tout à la fois palpitante, inquiétante et soigneusement étudiée du début à la fin par son créateur.

Il y a un réel raisonnement, une approche éthique, responsable, solidaire, respectueuse de l'homme et de son environnement. Brice Milan compare, analyse, cherche et explique une philosophie de vie qui nous a déjà échappé et que nous ne semblons plus reconnaître. La stabilité mondiale d'aujourd'hui sera-t-elle la déviance universelle de demain ? L'auteur pose ce constat, simple et efficace, et donne, sous forme de pure fiction littéraire, des pistes envisageables pour redonner sa beauté et sa pureté d'antan à notre chère planète Terre.

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  • Un récit qui s'apprivoise

De prime abord, l'histoire peut paraître quelque peu ardue à exploiter et à comprendre. Comment s'y retrouver dans une intrigue aussi dense et riche d'un point de vue scientifico-littéraire ? Les personnages contribuent fortement au bon déroulement du récit. Ils sont nombreux, certes, mais leur rôle bien défini leur permet de s'insérer avec une logique parfaite dans les différentes parties de l'histoire. Sam, le héros, est en quelque sorte le fil rouge qui les relie les uns aux autres, créant ainsi des relations de toutes sortes dont je tairai la nature pour éviter tout risque de spoil ! Je ne vous parlerai pas des autres protagonistes, car je pense que les découvrir au fil des pages s'avère bien plus enrichissant et intéressant que de les énumérer ici en s'attardant sur leur construction cohérente et approfondie. Tout ce que je peux dire, c'est que Brice Milan n'a pas ménagé ses efforts pour faire d'eux ce qu'ils sont et le rendu global est vraiment satisfaisant, plaisant à lire et très immersif.

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En résumé, Le Monde déviant est une excellente lecture ! Je devrais plus souvent me pencher sur la littérature SF, qui renferme tout autant que la fantasy des pépites insoupçonnées. Ce roman, le premier du genre pour son auteur, signe une belle entrée en matière pour une histoire qui a punch et un fort potentiel littéraire que tout amateur de science-fiction se doit de découvrir.

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Détails sur ce livre :

Le Monde déviant, autoédité en ebook

Auteur : Brice Milan

Nombre de pages : 286 pages (au format numérique)

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

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5 juillet 2020

L'Apiculteur

l-apiculteur- "Je recherche l'or du temps", écrivit le poète André Breton. Cette maxime aurait pu être celle d'Aurélien, héros de ce roman d'aventures initiatique. Depuis qu'une abeille a déposé sur sa ligne de vie une fine trace de pollen doré, ce jeune Provençal de la fin du XIXe siècle ne rêve plus que de l'or - un or symbolique, poétique, qui représente bien plus que le métal précieux. Son rêve le décidera à se détourner des champs de lavande familiaux pour installer des ruches et fabriquer le miel le plus suave. Puis, après l'anéantissement de son travail par un violent orage, à partir pour l'Abyssinie, où l'attend une femme à la peau d'or, qu'il a vue en rêve... On croise Van Gogh et Rimbaud dans ces pages lumineuses, où le songe doré d'Aurélien lui vaudra de connaître bien des aléas, avant qu'il ne découvre l'or véritable de la vie. -

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Mon avis :

L'été n'est pas la saison que je préfère pour lire... Malgré tout, il est des ouvrages qui sont parfaits en cette période ! Avec son titre, sa couverture et son résumé, L'Apiculteur ne pouvait être qu'une lecture fabuleuse à découvrir aux prémices estivaux. Dire que je l'ai dévoré serait un peu en deçà de la vérité, car je l'ai littéralement englouti, tant l'histoire m'a transportée ! Suspense...

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  • Une vie simple et merveilleuse

Ce roman suit le parcours d'Aurélien, un jeune homme qui, en cette fin de XIXe siècle, ne rêve que d'une chose : contempler l'or ruisselant des abeilles, le nectar doré à la saveur délicate qui se cache au coeur des ruches et que l'on appelle le miel. Idée farfelue ou projet des plus sérieux ? Aurélien est convaincu de la réussite de son entreprise, au grand dam de son entourage qui le prend pour un de ces aventuriers inconscients, aveuglés par la soif de l'intrépide, étourdis par l'appel de l'inconnu... Aux frontières de l'impensable, le jeune homme peut-il se risquer à tenter l'impossible et, qui sait, peut-être s'ouvrir les portes d'un monde incroyable ? Rien n'est moins sûr, mais c'est là, je pense, toute la magie de ce petit livre : avancer dans l'insouciance de nos rêves et croire en la vie, en nos espoirs les plus fous. Qu'importe, après tout, que les autres ne nous comprennent pas et perçoivent notre démarche comme l'expérience ratée d'un illuminé ! Il faut avoir foi en nous, en nos capacités et ne jamais renoncer à partir à la poursuite de cette forme insaisissable de bonheur.

Il est peut-être invisible, irréel, immatériel, mais il est là, tout près, à portée de main. Ainsi, Aurélien n'hésite pas, il est d'une volonté sans nom et ne se laisse pas abattre facilement : suivant le chant de son coeur, la route éclatante qu'il sait tracée pour lui, il s'engage sur cette voie qui l'amènera à se découvrir, se connaître, à se comprendre pour mieux voir la beauté et la simplicité du monde et des hommes qui le peuplent. J'ai vraiment été touchée, émue par la pureté et la sensibilité qui se dégagent de la plume de Maxence Fermine, l'auteur de ce roman. Tant sur le fond que sur la forme, son écriture, mais aussi la construction des chapitres, se veut épurée, dénuée d'artifices littéraires qui s'enfoncent dans l'inextricable forêt de tours et de détours à seule fin de raccorder un point A à un point B. Si mon raisonnement semble quelque peu mathématique, c'est parce qu'il s'inscrit dans une élémentarité profonde : l'auteur raconte la vie, son soleil, sa chaleur, dans tout ce qu'elle a de plus simple et de plus beau. Il ne s'encombre pas des futilités extérieures, et même s'il écoute et tient compte du jugement des autres, il ne le laisse pas influencer sa propre manière d'agir et de penser. C'est une vision qui peut apparaître légèrement utopique, un peu réductrice quelque part, mais je ne suis pas de cet avis !

Ce qui est réducteur, c'est d'avoir pour seul but d'accéder au bonheur. Et finalement, c'est cette idée de quête initiatique qui rend les choses invraisemblables, qui détruit le bonheur qui se trouve en nous et non pas devant nous. Nous naissons heureux, nous ne le devenons pas. Car le bonheur est un tout, une harmonie réelle qui se construit jour après jour dans la joie et la peine, dans les bons et les mauvais moments, dans les réussites et les échecs... Le bonheur est invisible, il n'a rien de l'arc-en-ciel coloré au pied duquel nous n'arriverons jamais, car il est déjà en nous. Il brille, il irradie, il étincelle de mille feux, mais reste hors d'atteinte pour celui qui le cherche sans le voir, sans questionner son moi intérieur, son envie d'être, son désir d'exister. Le héros de L'Apiculteur est ainsi un voyageur exalté, enthousiaste, curieux, amoureux, et son périple, s'il semble l'aider à acquérir une certaine forme de sagesse et de félicité, l'amène, ainsi que le lecteur, à s'interroger sur le sens et la définition même du bonheur, un sentiment, une émotion forte qui ne nous quitte jamais vraiment, nous façonne et écrit l'histoire de notre miel, de la sève merveilleuse qui coule en nous et nous rend vivants.

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  • À la découverte d'un auteur...

Avant de me plonger dans L'Apiculteur, le nom de Maxence Fermine m'était totalement inconnu, ou presque. J'avais vu circuler son nom ici et là, et c'est en errant sur la Toile que je suis tombée sur ce petit ouvrage. Sans même l'avoir lu, j'étais déjà séduite, emportée dans un ailleurs inaccessible, et sans bien savoir pourquoi, j'ai attendu quelques années avant de le sortir de ma bibliothèque, cherchant le moment opportun pour le découvrir dans tout ce qu'il avait de meilleur. Je ne regrette pas d'avoir laissé le temps faire son oeuvre, car aujourd'hui, je comprends qu'il est inutile de courir après des chimères ridicules, que le bonheur se dessine sous nos yeux et insuffle en nous un fol espoir, la certitude que tout ce dont nous avons besoin pour être heureux se trouve ici et nulle part ailleurs.

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En résumé, L'Apiculteur est une lecture coup de coeur ! Laissez-vous charmer par cette histoire envoûtante et unique en son genre, laissez les mots résonner dans votre coeur et courir sur votre peau tel un frisson d'excitation... Tout simplement, plongez dans ce roman magique qui vous apprendra que, bien souvent, l'on est heureux sans même le soupçonner.

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Détails sur ce livre :

L'Apiculteur, publié aux éditions Le Livre de Poche

Auteur : Maxence Fermine

Nombre de pages : 222 pages

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

19 juin 2020

Vos mots sur ma peau

vos-mots-sur-ma-peau- Alex n’est plus l’écrivain flamboyant qu’il était. Des problèmes de prostate l’ont rendu impuissant. Son monde s’est écroulé. Il n’écrit plus, boit trop et sa femme s’éloigne de lui. Dans un sursaut, parce qu’il refuse de renoncer au corps de celle qu’il aime de longue date, il décide de se ressaisir. Il échafaude un plan pour la reconquérir : se faire passer sur les réseaux pour un jeune auteur en quête de conseils d’écriture et débuter une correspondance érotique avec elle.

Ce lien virtuel, où désir et fantasmes s’invitent bientôt, suffira-t-il à sauver leur couple ? Les mots ont-ils ce pouvoir-là ? -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Alex Ambre, l'auteur de ce roman, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Il est des lectures auxquelles on ne s'attend pas, des lectures dont on ignore même l'existence et qui, trop souvent, prennent la poussière dans les tiroirs de l'Internet, sans personne pour les découvrir... Bien triste destin, me direz-vous, et vous aurez raison ! Quelquefois cependant, les aléas de la Toile permettent au lecteur insatiable de tomber sur un petit livre sans prétention, un ouvrage au titre tout aussi suggestif que sa couverture. Et bim ! me voilà embarquée malgré moi dans une romance érotique loin d'être banale. Telle une ancre échouée au beau milieu de l'océan, les mots tentent, dans le plus grand désespoir de l'âme, de s'accrocher à l'être aimé, marquant ainsi à tout jamais sa peau d'un tatouage d'amour sincère...

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  • Une dernière chance

Prouver à la personne que l'on aime que nos sentiments, malgré les affres du temps et les ravages de la maladie, sont restés intacts comme au premier jour revient à parier qu'un parfait sédentaire puisse courir et gagner un marathon sans le moindre effort. Impossible de se projeter, d'imaginer une telle démarche ! Pourtant, tout aussi saugrenue qu'elle puisse paraître, l'idée seule de perdre la confiance, la complicité et la sensualité d'un(e) partenaire de vie se révèle tout bonnement impensable... Mais alors, que faire ? Comment ramener la flamme entre ces deux êtres ? Comment provoquer à nouveau ce déclic d'incertitudes et de peurs qui les feront se rapprocher et s'aimer dans l'union désirée, aussi timide que fusionnelle, de leurs corps ?

Alex Ambre couche ainsi sur le papier non pas les mots d'un romancier érotique, mais ceux d'un écrivain se laissant porter au gré des pages et guider par le flot d'émotions qui l'inspirent, entêtantes, grisantes et touchantes, des sensations qui nuancent son propos et donnent cette douce sensibilité au récit, bien au-delà de l'aspect sexuel de l'ouvrage. L'humanité de l'auteur et de ses personnages transparaît au fil des lignes, à mesure que les phrases s'enchaînent et se coordonnent. Limpide, elle forme avec la partie sombre, tendancieuse de l'intrigue, un duo romantique qui ne relève plus seulement du parfait roman érotique. C'est un livre d'hésitations, de doutes, de silences et d'incompréhensions, de désillusions, de peines et de joies, de sourires aussi... Un livre qui ne néglige pas ses protagonistes et leur confère une réelle personnalité, un caractère qui les amène à dépasser les stéréotypes du genre.

Avec cette histoire, l'auteur rend hommage aux mots, aux effets dévastateurs comme merveilleux qu'ils peuvent avoir, leur puissance, leur beauté, l'écho, la résonance qu'ils font naître en nous. Que l'on soit sensible ou pas au parler imagé, aux termes frissonnants de plaisir, on ne peut rester de marbre en lisant Vos mots sur ma peau. L'intrigue avance, se complexifie, s'étiole et se régénère, se meurt et revit à mesure que les quelques quatre-vingts pages s'égrènent tel le sucre d'un bonbon acidulé coulant dans la gorge offerte au goût délicat.

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  • Quand la plume se cambre de plaisir

Titre salace s'il en est, ce paragraphe n'a pas pour but de vous décourager ! Le roman d'Alex Ambre, premier ouvrage d'une bibliographie qui, peut-être, s'étoffera au cours du temps, est un concentré de richesses syllabiques, orthographiques, grammaticales, de jeux de mots décalés et fantasques, d'idées impudiques et de rapprochement littéraire. Une proximité auteur-lecteur loin d'être dérangeante, car on s'attache véritablement aux personnages, à leur quotidien contrarié, à leur tristesse palpable, leurs attentes déçues... 

Sans bien comprendre pourquoi, ou encore comment, la magie opère et le roman nous emmène dans un autre monde, celui de l'extase, du mystère contenu, des plaisirs étouffés, des désirs refoulés, des fantasmes interdits ! Alex Ambre traite son ouvrage avec une précision que je ne pourrais pas qualifier de chirurgicale, mais plutôt d'exquise, de savoureuse, de passionnée... L'auteur a le sens du détail et se plaît à jouer avec les sens de son lecteur. C'est un combat diablement lascif, une caresse tendre entre un chat à la plume luxurieuse et une souris envoûtée, charmée, comme hypnotisée par le ballet incessant des mots qui vont et viennent, dansent avec les corps autant qu'avec les esprits. Pour conclure, rien de mieux, à mon sens, qu'une chanson qui, je trouve, illustre à merveille la situation amoureuse de notre couple en déroute :

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En résumé, Vos mots sur ma peau est un roman érotique que j'ai beaucoup aimé lire ! Particulier, original, unique, il balaie d'un revers de main la scène classique du genre pour laisser place à une relation épistolaire aussi belle qu'ensorcelante. Un premier livre qui, j'en suis certaine, n'est que le début d'une grande aventure littéraire...

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Détails sur ce livre :

Vos mots sur ma peau, autoédité en ebook

Auteur : Alex Ambre

Nombre de pages : 79 pages (au format numérique)

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

14 juin 2020

Vous oublier

vous-oublier- Ils se sont rencontrés et aimés le temps d'une nuit. Une seule. Un moment de folie et d'évidence. Pourtant, au petit matin, chacun a repris le cours ordinaire de sa vie. Mais peut-on refermer une parenthèse comme elle s'est ouverte, d'un coup ? -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Valérie Bel, l'auteure de cette nouvelle, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Chacun de mes lectures se veut être unique, diversifiée autant que faire se peut, et alterner entre édition classique et autoédition fait partie de mes petits plaisirs littéraires. Ce milieu encore trop méconnu du système éditorial regorge de véritables pépites et m'a permis de découvrir plus d'un auteur talentueux. Valérie Bel compte parmi mes coups de ♥ autoédités, tant pour le genre littéraire qui la définit si bien, la romance, que pour les histoires qu'elle écrit, toujours aussi belles et inspirantes.

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  • L'art de la nouvelle

Comment, en quelques pages, composer une histoire d'amour ? Pourquoi se résoudre à un tel format, tandis que le flot des mots nous emporterait dans le tourbillon des tendres murmures du coeur ? Parfois, les déclarations enflammées où sonnent la redondance et le désir profond d'impressionner, d'éblouir celui ou celle qui hante nos pensées, rompt le charme le plus pur qui émane de cette émotion véritable qui nous anime tous : l'amour.

Il ne faut ainsi pas plus d'une vingtaine de pages à Valérie Bel pour que ses deux personnages prennent vie sous sa plume sensuelle, douce, créative... Attirés tels des aimants, ils laissent libre cours aux sentiments qui font battre leur coeur à l'unisson le temps d'une nuit. Le lendemain, la magie s'est envolée, la réalité se rappelle à eux, bien trop fade et monotone. La question que pose l'auteure est simple, limpide : lorsque le destin met sur notre route la bonne personne, celle qui nous fera aimer le monde comme jamais auparavant, peut-on détourner les yeux et ignorer l'évidence même ? Peut-on oublier l'autre, et s'oublier soi-même dans l'ennui d'une vie qui ne nous correspond pas ?

Pourtant, malgré la clarté de la problématique posée par Valérie Bel, il demeure un "mais", une terrible contradiction qui peut ou non inverser le cours des choses. Si le destin parvient à faire se croiser deux âmes ignorantes l'une de l'autre, a-t-il pour autant le pouvoir de les réunir ? Est-il capable d'influencer l'avenir ? Rien ne le prouve, mais ce "coup de pouce" invisible qui s'invite dans notre quotidien sans prévenir ne serait-il pas un infime fragment de bonheur posé là sans bruit ? C'est en tout cas l'interprétation que j'en fais et, surtout, l'image romantique que je souhaite avoir de cette histoire.

Je ne veux pas chercher à expliquer de manière rationnelle comment deux êtres, que rien n'aurait pu décider à se rencontrer, s'aiment envers et contre tout, malgré la distance, l'absence, les aléas de la vie... Toute la magie d'une petite nouvelle comme Vous oublier réside dans l'inconnu, le fait de ne pas savoir s'il existe une véritable alchimie scientifique, des codes mathématiques qui régissent l'amour, ou bien si celui-ci n'est que le fruit du hasard, le résultat de choses qui nous dépassent et qu'on ne peut tout simplement pas expliquer. L'amour, c'est ce déclic insoupçonné, ce flash soudain qui survient au moment où l'on s'y attend le moins, ce besoin irrépressible de penser à la personne aimée et dont souvent nous ne connaissons pas même le nom... L'amour est tout et rien à la fois, il n'a pas besoin de grands mots et de calculs savants pour se comprendre, car le coeur seul sait déchiffrer les mille et une émotions qui s'emparent de nous pour mieux les apprivoiser et les partager sans condition.

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  • Un mot sur...

Tout comme Ninon Amey, Valérie Bel est une romantique, elle croit en l'amour, au coup de foudre, au petit "truc" qui écrit les belles histoires. Rêver, imaginer, se perdre et se retrouver, partir en quête des émotions qui feront vibrer le lecteur... Le pari d'un si court récit est plus que réussi, car Vous oublier a su m'attendrir, me toucher en plein coeur, me surprendre, me frustrer avec cette fin incroyable, à mi-chemin entre la rage et le désespoir, et dont, cependant, je ne vous parlerai pas davantage, au risque de vous spoiler !

Comme il est impensable que je vous dévoile le meilleur de cette nouvelle, je préfère vous convaincre de découvrir Valérie Bel et son oeuvre et, plus largement, l'autoédition et ses nombreux auteurs. J'ai souvent chroniqué ici des livres autoédités et reçus en services presse, des ouvrages écrits par des hommes et des femmes doués et à l'imagination débordante ! Qu'ils soient auteurs de polars, romances, SFFF, feel good, jeunesse ou autre, tous vivent pour et par une passion commune : l'écriture. Ainsi, les auteurs autoédités sont des rêveurs invétérés qui ont foi en la réalité et en ses infinies possibilités. À nous, lecteurs, de les aider à avancer...

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En résumé, Vous oublier est une lecture coup de coeur ! J'ai tout aimé dans cette histoire et je vous invite à la découvrir et à en faire profiter les personnes qui vous sont chères. Comme le disait si bien Gabriel García Márquez :

"Se souvenir est facile pour ceux qui ont de la mémoire, mais oublier est difficile pour ceux qui ont du coeur."

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Détails sur ce livre :

Vous oublier, autoédité en ebook

Auteur : Valérie Bel

Nombre de pages : 20 pages (au format numérique)

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

13 juin 2020

Son Excellence Eugène Rougon

son-excellence-eugène-rougon- Voici un roman centré autour d'un personnage, et ce personnage lui-même ne vit que par et pour la politique. Voici un roman où la politique ne fait pas une apparition occasionnelle, comme dans L'Éducation sentimentale ou même Lucien Leuwen, mais qui, d'emblée, se propose de montrer les coulisses gouvernementales, les aspects officiels de la vie politique, et aussi bien ses dessous, nous fait assister à une séance de l'Assemblée et à un conseil des ministres. Un roman qui présente l'ambition politique comme une idée fixe, comme une passion mobilisant toutes les forces d'un homme. Ce n'est pas si mince originalité, du moins à la fin du XIXe siècle. Rassurons-nous, en effet, tout cela se passe sous le Second Empire : aucune allusion à notre siècle finissant n'est à craindre. Et pourtant... -

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Mon avis :

Pour cette chronique, le temps aura sans doute été mon meilleur allié... et mon pire ennemi aussi ! Il m'a fallu environ un mois pour venir à bout du sixième tome des Rougon-Macquart, un volume qui, pour la première fois depuis le début de mon aventure littéraire dans le monde de Zola, ne m'aura pas laissé un souvenir impérissable et m'aura même quelquefois ennuyée.

Allons donc ! Ai-je vraiment détesté à ce point Son Excellence Eugène Rougon ? Pas si sûr, mais la balance ne penche cette fois pas en faveur du coup de coeur pour autant... Un avis détaillé s'impose donc, un avis qui revient sur les dessous de ce grand roman, car oui, s'il fut malgré tout une lecture laborieuse pour moi, il n'en reste pas moins une oeuvre grandiose et passionnante.

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  • Faire son entrée dans le grand monde

C'est, je pense, l'aspect qui m'a le plus passionnée tout au long de ma lecture. Émile Zola dresse ici le portrait d'un empire opportuniste et à la politique tout aussi fluctuante que ses représentants. Si l'auteur nous avait déjà confrontés à la haute société dans La Curée (chronique ICI), je trouve pour ma part que le sujet est davantage travaillé et exposé dans toute sa dérangeante nudité, si je puis l'exprimer ainsi, dans ce nouvel opus. Les personnages de La Curée restaient des bourgeois plutôt aisés qui, par leur fourberie et leur ambition démesurée, avaient réussi à tirer leur épingle du jeu pour se tailler une place dans le beau monde. Eugène Rougon est en quelque sorte l'opposé d'Aristide Saccard, car là où ce dernier se fait spéculateur malhonnête, l'autre témoigne à l'Empire une fidélité et une loyauté à toute épreuve.

Il est un peu comme le limier de l'empereur, étant tout autant un esclave, un pion dont il est facile de se débarrasser, qu'un valeureux conseiller et exécutant acharné, dévoué à faire appliquer les décisions d'une politique qu'il mène tambour battant. Mais la chute, inéluctable, de ce personnage à l'influence notoire et à la naïveté enfantine ne risque-t-elle pas de soulever des polémiques sourdes, des colères silencieuses, des contentieux de longue date écrasés dans l'indifférence et le mépris ? Ainsi, Zola dépeint avec beaucoup de droiture les vices inamicaux qui empoisonnent l'existence et se saisissent de la crédulité humaine, laissant choir aux pieds des intéressés une carcasse de belles promesses mensongères sur laquelle se ruent les bonnes volontés aveuglées par les caresses et les paroles à la saveur douceâtre :  Eugène Rougon n'est rien d'autre qu'un chien obéissant aux ordres qu'on lui donne, et le pouvoir totalement illusoire qu'il croit détenir n'est en réalité que le fruit d'une manipulation savamment orchestrée par son entourage proche ou lointain.

Que l'on considère ou pas Émile Zola comme un romancier visionnaire, on ne peut pas nier le côté précurseur, avant-gardiste et toujours d'actualité de ses propos. La fiction littéraire, ce support incroyable qui peut donner vie à toutes les idées, sert la pensée de l'auteur. Paradoxalement, la fiction n'est pas plus au service de l'écrivain que celui-ci ne sert les intérêts de son oeuvre : c'est une collaboration intellectuelle dans laquelle se déversent les incompréhensions, les doutes, les incertitudes, les désaccords, les mésententes, sans oublier les inimitiés profondes qui subsistent dans la réalité de l'auteur... Zola écrit, Zola caricature, Zola critique, mais Zola construit son jugement et le nourrit d'exemples, de vérités historiques qu'il a rassemblés pour non pas décider le lecteur à choisir un idéal ou un autre, mais plutôt pour l'amener à se façonner sa propre opinion, sans subir l'influence extérieure qui échauffe les esprits et divise les hommes.

Subtilement bien sûr, l'ouvrage conserve malgré tout une part de rejet, une opposition farouche au conformisme, à la bien-pensance. C'est une thématique qui, aujourd'hui encore, fait débat et nous noie dans l'adversité autant que dans la déliquescence progressive de nos sociétés. C'est l'oubli, la mise en quarantaine de la liberté, l'obsolescence programmée de l'humanité, la régression du libre-arbitre... Même si je n'ai pas su apprécier ce livre autant que j'aurais aimé, j'ai été touchée par le combat moral, subliminal mais tellement puissant, cette lutte incessante pour que chacun(e) de nous puisse être la personne qu'il/elle est vraiment, et pas ce que d'autres ont décidé que nous devions être.

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  • Reculer pour mieux sauter, la chute sera douloureuse...

Ce qui, finalement, ôte tout le charme de ce roman, ce sont les personnages. Ils sont tellement mesquins, cruels et calculateurs qu'ils en deviennent ennuyeux. Leur hypocrisie en vient à frôler le ridicule et leur médiocrité de caractère ne nous laisse en bouche qu'une certaine amertume. Ils sont déplaisants, manipulateurs et assombrissent le récit, ils obscurcissent la petite lueur d'espoir qui, tout au long de l'histoire, semble briller au loin comme pour nous inviter à croire que tout peut s'arranger. Mais en réalité, tout n'est qu'illusion du début à la fin ! La sincérité, les amitiés, la confiance... Comme Eugène Rougon se laisse embobiner par son sens aigu de la justice, le lecteur se fait littéralement avaler par les détournements littéraires dont Émile Zola use pour taquiner notre esprit.

C'est un jeu, une farce intelligente qui ne laisse rien au hasard, mais qui, par une malheureuse palette de protagonistes détestables, plonge le lecteur dans l'ennui et la lassitude que vient cependant contrer l'invariable force d'écriture de cet auteur. Tout se confond habilement et se perd dans un mélange de culpabilité assassine, machiavélique, désespérée... Et ainsi Son Excellence Eugène Rougon nous captive à sa manière et nous entraîne dans la redoutable contemplation du monde tel qu'il fut hier, qu'il est aujourd'hui et qu'il sera peut-être demain !

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En résumé, Son Excellence Eugène Rougon est un classique, un livre qui, pour moi, malgré les points négatifs que j'ai pu observer, reste un incontournable qu'il faut découvrir ! Émile Zola nous confronte à notre part d'ombre et de lumière, éveille en nous des sentiments qui, sur le moment, peuvent nous apparaître contradictoires et complètement décousus, mais qui s'avèrent être les fils conducteurs de notre pensée. Un grand roman qui mérite d'être lu !

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Détails sur ce livre :

Son Excellence Eugène Rougon, publié aux éditions Le Livre de Poche

Auteur : Émile Zola

Nombre de pages : 424 pages

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

6 juin 2020

BILAN - Mai 2020

Bonjour à toutes et à tous,

Bouh ! devrais-je plutôt dire, car le mot revenant ne pourrait pas mieux me convenir. En mai, j'ai déserté la blogosphère... Manque de temps, d'envie, mais pas d'articles. Ce mois-ci, je devrais réussir à être plus présente par ici, mon planning professionnel s'allégeant de manière considérable. Des billets, il risque donc d'y en avoir pas mal en juin sur ces pages ! Rien que pour les chroniques littéraires, j'en ai quatre à rédiger. Et encore, c'est sans compter sur ma lecture en cours, si addictive qu'elle en est presque terminée et qu'il va me falloir prochainement la chroniquer, et les trois autres ouvrages à découvrir qui se répartissent fort bien en une lecture commune, un classique et un service presse. Bref, l'ennui ne sera pas de la partie ! J'essaierai de ne pas trop vous assommer de notifications non plus, même si je sais que vous prenez toujours plaisir à lire mes posts.

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Côté blog, mai fut un mois assez maigre : trois articles en tout et pour tout. Les liens ICI, ICI et vous amèneront respectivement sur le bilan du mois d'avril et les chroniques d'Istanbul, souvenirs d'une ville et de Pour un moment. Si vous ne les avez pas déjà lues, c'est le moment d'aller jeter un oeil à ces différentes rétrospectives ! Bien sûr, j'aurais aimé vous proposer une ou deux publications supplémentaires au cours du mois, mais je vois plutôt cela comme le signe d'une petite coupure nécessaire par rapport à mon travail, assez intense ces derniers temps. Alors c'est vrai, j'ai laissé vos commentaires sans réponse, je ne suis pas passée depuis un bon moment sur vos blogs et je consulte les réseaux sociaux un peu en diagonale... Mais ce break improvisé me permet aujourd'hui de revenir avec le sourire, en sachant que je serai davantage disponible pour mon blog et mes autres activités (coucou l'écriture ! Tu me reconnais ?).

Après ce moment "bisounours" (gros câlin virtuel, les ami(e)s !), il est temps de se pencher sur les lectures qui ont occupé mon mois. Cinq livres, dont trois services presse, un classique et un ouvrage plein de promesses littéraires et de songes estivaux. Mai a débuté sous le signe de la romance avec Pour un moment, dont vous pouvez retrouver la chronique un peu plus haut. Puis, retrouvailles avec Émile Zola et le particulier mais véritablement intéressant sixième tome des Rougon-Macquart, à savoir Son Excellence Eugène Rougon (avis complet à venir). Ensuite, petite escapade érotico-littéraire avec tout d'abord Valérie Bel et sa courte nouvelle romantique Vous oublier (chronique à venir également), suivie d'Alex Ambre et son roman à l'indéniable sensualité Vos mots sur ma peau (ça arrive, patience  !). Enfin, envolée lyrique et merveilleuse vers un soleil doré, inaccessible, immatériel et pourtant si réel qu'il en paraît totalement imaginaire, avec L'Apiculteur, un récit initiatique signé Maxence Fermine, le premier livre de l'auteur que je découvre et dont j'ai hâte de vous parler.

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Quelques films vus en mai, mais rien de bien folichon ou mémorable. Un peu de SF horrifique dans une station spatiale attaquée par un organisme extra-terrestre, une version revisitée et assez moderne dans la vision des choses des légendes arthuriennes et un court voyage en Amazonie avec un anaconda plutôt kitsch et peu réaliste dans sa conception animale. Bref, passons le septième art ! Côté musique, Tarkan est mon compagnon de route, ses chansons me suivent inlassablement et j'aime toujours autant avoir ses sons dans les oreilles. Je glisse une vidéo ici, juste pour le plaisir des yeux...

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Voilà ! Pas grand-chose d'autre à rajouter pour ce bilan. C'est court, clair et concis, et j'apprécie ce format qui me permet d'échanger avec vous de tout et de rien sans être trop formelle dans la présentation. Et vous, comment s'est passé votre mois de mai ? Quoi de prévu en juin ? Racontez-moi tout, je suis curieuse !

Je vous dis à bientôt pour un prochain article.

Sue-Ricette

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