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Graines de Souris - Le blog de Sue-Ricette
livres
2 mai 2020

Istanbul, souvenirs d'une ville

istanbul-souvenirs-d-une-ville- Évocation d'une ville, roman de formation et réflexion sur la mélancolie, Istanbul est tout cela à la fois. Au gré des pages, Orhan Pamuk se remémore ses promenades d'enfant, à pied, en voiture ou en bateau, et nous entraîne à travers ruelles en pente et jardins, sur les rives du Bosphore, devant des villas décrépites, dessinant ainsi le portrait fascinant d'une métropole en déclin. Ancienne capitale d'un vaste empire, Istanbul se cherche une identité, entre tradition et modernité, religion et laïcité, et les changements qui altèrent son visage n'échappent pas au regard de l'écrivain, fin connaisseur de son histoire, d'autant que ces transformations accompagnent une autre déchirure, bien plus intime et douloureuse, celle provoquée par la lente désagrégation de la famille Pamuk – une famille dont les membres, grands-parents, oncles et tantes, ont tous vécu dans le même immeuble – et par la dérive à la fois financière et affective de ses parents. Dans cette œuvre foisonnante, magistralement composée et richement illustrée, Orhan Pamuk nous propose de remonter avec lui le temps de son éducation sentimentale et, in fine, de lire le roman de la naissance d'un écrivain. -

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Mon avis :

Comment aborder une telle oeuvre ? Comment, avec mes petits mots de blogueuse, rendre hommage à ce livre si dense et magistral, si beau et poétique ? Pour la première fois de ma vie, je me trouve au pied du mur, car j'ai l'impression que cet article, aussi complet puisse-t-il être, ne saura pas décrire tout ce que cet ouvrage magnifique et totalement unique en son genre m'a apporté. Un comble, me direz-vous, pour une chroniqueuse... Mais qu'importe ! Le défi est de taille, mais il ne me fait pas peur, car je sais qu'au plus profond de mon coeur demeurent les mots justes, ceux-là mêmes qui trouveront un écho en chaque lecteur qui découvrira ce billet, pour vous parler d'Istanbul, de sa vie et de ses innombrables trésors.

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  • Un dédale de rues

Tel un labyrinthe géant, Istanbul se dessine sous la plume d'Orhan Pamuk, ce contemporain nostalgique d'une vie qui fut, de celle qui est, et d'une autre qui, peut-être, ne sera jamais... Sur les ruines d'un ancien empire prospère et puissant, une autorité à nul autre pareil en son temps, l'Istanbul républicaine délaisse son histoire, comme si elle cherchait à renier son passé, à oublier les conquêtes, le pouvoir, la beauté, mais aussi la cruauté qui façonnèrent autant la gloire que la crainte, l'admiration autant que la terreur des centaines d'années de règne de la dynastie ottomane. L'auteur, perdu dans une contemplation méditative teintée de mélancolie, observe la déchéance de sa nation, de son pays, la décrépitude des rues et des quartiers, l'insalubrité des murs et des trottoirs sans jamais, pourtant, poser sur ce cocon de souvenirs un regard de haine. Orhan Pamuk tisse des liens invisibles entre le hüzün, cette tristesse spleenienne partagée par tous les stambouliotes, et les hauts et les bas de la ville, ses aléas politiques, économiques, historiques, sociaux, allant même jusqu'à créer un parallèle saisissant avec sa propre existence. Ainsi, il décrit avec beaucoup de sensibilité l'attachement qui nous lie à un lieu, qui nous rend indissociable de la vie de ce lieu et qui, jour après jour, au fil du temps, amène nos pas sur les souvenirs, les mémoires gravées pour l'éternité dans la pierre vétuste des maisons, dans le bois pourri et humide d'un abri de pêcheur qui, malgré le poids des ans et le désintérêt des hommes, tient encore debout, sait-on par quel miracle...

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"Quiconque souhaite donner un sens à sa vie s'interroge également, au moins une fois dans son existence, sur le lieu et l'époque de sa naissance. Que signifie être né à tel endroit et à tel moment de l'Histoire ? Cette famille, ce pays, cette ville qui nous sont attribués à la manière d'un ticket de loterie, que l'on nous demande d'aimer et que l'on finit le plus souvent par aimer pour de bon, sont-ils le fruit d'un partage équitable ?" 

 

"Comment donc la beauté d'une ville, la richesse de son histoire ou bien ses mystères pourraient-ils être des remèdes à nos souffrances intérieures ? Peut-être aussi que la ville où nous vivons, tout comme notre famille, nous l'aimons parce que nous n'avons pas d'autre solution ! Mais il nous faut inventer les lieux et les raisons à venir de notre amour pour elle."

(extraits d'Istanbul, souvenirs d'une ville)

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C'est un livre de questionnements, une invitation à la réflexion sur la condition humaine, les choix qui, trop souvent, ne sont pas les nôtres, mais résultent d'un conformisme sociétal insaisissable, incompréhensible, et qui nous poussent à accepter un destin dont nous ne voulons pas. Istanbul, c'est tout à la fois une ville opprimée et souveraine, contrainte de suivre les règles, la loi, et en même temps libre de modifier les codes et d'évoluer au rythme d'un monde en perpétuel changement. Orhan Pamuk se plonge dans les secrets insoupçonnés, les anecdotes refoulées et occultées du passé aussi lumineux qu'obscur de cette ville qui le fascine et l'appelle au plus profond de son âme. Istanbul ne vit pas aux dépens de chacun, son coeur bat par la seule et unique force commune des stambouliotes réunis par les mêmes sentiments, les mêmes émotions inconscientes qui les poussent à se créer une vie collective. Le hüzün, ce chagrin mélancolique ou réside une part de nostalgie désabusée, caractérise ainsi la culture, la manière de penser et d'agir de ce pays aux confins de l'Orient et de l'Occident.

D'ailleurs, pour Orhan Pamuk, il n'est pas si exact d'avancer une telle situation, aussi géographiquement vraie soit-elle. Pour l'auteur, c'est cette constante comparaison, ce rapprochement inéluctable opéré par nombre d'étrangers curieux aux désirs exotiques qui, en somme, nuit à l'authenticité, au charme premier, originel, de cette Istanbul disparue, évaporée dans les méandres des esprits, si peu consignée dans les archives historiques et ignorée de son temps par les pachas et autres prestigieux sultans. Le romancier se délecte autant qu'il se trouve dégoûté par l'occidentalisation totalement illusoire qui fit renaître (ou chuter, plus vraisemblablement) la Turquie dans son ensemble, et amena la capitale à se chercher une identité qui, malheureusement, n'était et ne sera jamais la sienne. Provoquer la refonte complète du pays entraîna autant de bouleversements bénéfiques que de destructions inénarrables d'un passé qui, du haut de sa lointaine existence, observe la médiocrité moderne que Orhan Pamuk décrit avec un mélange de curiosité, de lassitude et d'engouement certain à plonger au coeur même de cette ville qui l'a vu naître et grandir.

Pourtant, malgré la décadence d'Istanbul, l'auteur parle d'espoir, d'amour, de joie, de bienveillance et de tolérance. Entrecoupant les chapitres dédiés à cette ville qu'il aime par d'autres plus personnels, il nous confronte aux vicissitudes du temps qui altèrent notre esprit et abîment notre coeur. Les aléas de la vie ne doivent pas nous faire oublier qu'une ville, aussi décevante soit-elle à nos yeux, aussi sales, répugnantes et tristes puissent-être ses rues délavées et jaunies, telle une photo de famille que les années n'auraient pas épargnée, cette ville reste la nôtre et occupe dans notre coeur une place qu'aucun autre lieu sur Terre ne pourra jamais remplacer. Ainsi, le Bosphore, lieu emblématique d'une enfance heureuse et, pour Orhan Pamuk, témoin ancestral de nombreuses vies envolées, ne distingue pas le bien du mal et engloutit à tout jamais dans ses eaux mystérieuses les peines et les joies, les larmes et les sourires, les drames et les amours...

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"Le plaisir de se promener sur le Bosphore, de se mouvoir au sein d'une ville si vaste, si riche historiquement et si mal entretenue, vous fait éprouver la liberté et la force d'une mer profonde, puissante et animée. Le voyageur qui file, porté par les rapides courants, au milieu de la saleté, de la fumée et du brouhaha d'une ville tellement populeuse, sent que la force de la mer passe en lui et qu'au sein de toute cette multitude, de toute cette densité historique et de tous ces bâtiments, il est tout de même possible de demeurer libre, la tête haute."

(extrait d'Istanbul, souvenirs d'une ville)

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  • Une vie entre deux eaux

Istanbul, symbole d'un seul et même battement coeur pour des millions d'âmes, reflète également le passé, le présent et l'avenir de chaque individu. Orhan Pamuk se replonge donc dans son enfance et son adolescence, des périodes qui furent pour lui non pas synonymes d'insouciance et de légèreté, mais plutôt de doutes, d'incertitudes, de remises en question et de nombreuses interrogations quelque peu existentielles. Vivant au sein d'une grande famille, le petit Orhan habite dans l'immeuble familial construit par son grand-père. Les souvenirs de son enfance, partagée entre les bagarres incessantes et parfois douloureuses avec son frère, les entrevues régulières avec les autres membres de la famille, les disparitions inexpliquées de son père et la tristesse de sa mère, ne font pas remonter en lui une peine immense ou un mal-être qui ne cicatrisera jamais. Au contraire, ces pensées enfouies dans son inconscient rejaillissent avec une certaine détermination, un besoin de comprendre le petit garçon qu'il était alors et qui s'amusait à la seule idée d'imaginer un autre Orhan, semblable à lui, vivant autre part et dont il ne saura jamais rien. Les caprices scolaires, eux, lui permettent de se souvenir de sa grand-mère, à la fois douce et autoritaire, de ses instituteurs et du matraquage réglementaire dont quelque-uns faisaient preuve vis-à-vis des élèves, des amis, des petites amourettes d'école qui ne débouchèrent sur rien, mais également du premier véritable amour, plus tard au lycée, une histoire déchirante et pleine de rêves, désillusionnée dans la tourmente spirituelle des coeurs et de la bienséance...

Istanbul n'est pas seulement une ville, ni même ce livre à l'écriture dense et prenante, c'est un état d'esprit, un écho qui trouve sa résonance en nous et fait vibrer notre âme, fait frissonner notre corps d'un tremblement léger, nouveau et qui inscrit dans un coin de notre tête non pas son exotisme sensuel, mais sa force, son courage, sa beauté simple et grisâtre, ses bâtiments en ruines, ses charpentes calcinées, vestiges passionnants d'un voyage intemporel qui nous amène à découvrir la ville dans sa forme la plus pure, dépourvue des curiosités habituelles qui ne mettent sur le chemin de ce récit merveilleux que les superficialités d'un monde inconnu et lascif. Le véritable lien qui nous unit à Istanbul, c'est la force de vie qui se dégage de ses murs, la diversité et la richesse culturelle de la bulle dans laquelle elle évolue et qui, malgré le désir d'avancer sur la voie de l'occidentalisation, la maintient à l'abri des regards et la protège d'une chute irréversible, l'empêchant ainsi de sombrer définitivement dans le fleuve infini de l'oubli commun.

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En résumé, Istanbul, souvenirs d'une ville est un coup de ♥ intersidéral ! Pour moi, c'est plus qu'un roman, un essai ou encore une autobiographie écrite avec le coeur et la main d'un auteur passionné. C'est là l'oeuvre d'un écrivain qui aime profondément, viscéralement sa ville et qui s'attache non pas à conserver dans sa mémoire un souvenir impérissable de ce lieu qui lui est si cher, mais bien à écrire la vie, l'immortalité qui ne peut se voir ou s'entendre, mais seulement se ressentir dans les tréfonds de l'âme, là où demeure l'amour éternel qui jamais, ô jamais, ne s'éteindra.

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Détails sur ce livre :

Istanbul, souvenirs d'une ville, publié aux éditions Folio

Auteur : Orhan Pamuk

Nombre de pages : 560 pages

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

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17 avril 2020

De la Terre à la Lune

de-la-terre-a-la-lune- Après la fin de la Guerre de Sécession, le Gun Club de Baltimore et son président, Barbicane, lancent le projet à première vue insensé de projeter un boulet de canon sur la Lune. Après plusieurs réunions, le Gun Club s'organise et lance une collecte de fonds en direction de toute la planète. L’argent récolté, le projet prend forme et un immense canon, le Columbiad, voit le jour. -

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Mon avis :

En avril, ne te découvre pas d'un fil... même si tu dois aller sur la Lune ! Un voyage spatial peu commun, une quête cosmique incroyable, inédite, et que Jules Verne parvient pourtant à visualiser avec une imagination détonante, un panache révolutionnaire... Au coeur du firmament étoilé, quels secrets l'astre du soir renferme-t-il ? Aux frontières du réel, au-delà de tout ce qui peut exister et dépasser les barrières de l'inconscience même, l'homme peut-il espérer fouler son sol encore inexploré ?

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  • Le génie de l'écriture

Lorsque l'on parle d'inventivité, de créativité, d'évasion libératrice et visionnaire, comment ne pas songer à Jules Verne et son oeuvre ? Il est, je trouve, impossible de dissocier l'écrivain de ses romans, tant ceux-ci sont inoubliables et façonnent dans un recoin de notre cerveau des histoires tout à la fois improbables et grandioses, merveilleuses et farfelues... Les mers autant que les airs, les mystères de l'inconnu terrestre autant que spatial fascinent l'imaginaire collectif en même temps qu'ils le troublent, et Jules Verne a su saisir l'essence même de cet engouement pour l'inacessible, l'insoluble, l'incompréhensible.

Peu d'ouvrages de l'auteur à mon actif jusqu'à maintenant, deux pour être exacte, mais l'attraction qu'exercent ses différentes intrigues relève, je trouve, autant d'un goût prononcé pour l'aventure que d'une curiosité scientifique à moitié satisfaite. Son écriture ciselée, analytique, schématique, possède également en elle une part indéniable de rocambolesque, de magie, et peut-être même, disons-le, de féerie moderne, contemplative... Jules Verne découpe et calcule chacun de ses romans de telle sorte qu'ils apparaissent comme une oeuvre à part entière qui se dévoile petit à petit, laissant tout son potentiel grandir au fil des pages pour créer chez le lecteur une sorte d'implosion émerveillée, telle la course majestueuse d'une étoile filante galopant à travers les cieux. Ainsi, le mental humain s'adapte, se contorsionne et tente de se fondre dans les innombrables détails qui affluent au cours de l'histoire. Ici, Jules Verne saupoudre d'astronomie, de physique, de chimie et d'autres paramètres plutôt retors les quelques deux cents cinquante pages de son roman lunaire.

Des chiffres écrits noir sur blanc en anciennes unités de mesure compliquent la tâche et font s'embourber le lecteur dans un marécage numérique auquel il lui est presque impossible d'échapper. Les réflexions mathématiques et autres pensées savantes émises par les personnages induisent une confusion quasi indescriptible : pour ma part, je me suis sentie refoulée, rejetée par cette intrigue dont le sens ne m'apparaissait pas toujours de façon claire. J'ai eu le sentiment d'être plus d'une fois étrangère à ce récit d'un autre temps, dont le style rédactionnel trouve toute sa beauté dans une redondance aussi passionnante qu'ennuyeuse. Perdue entre deux points de vue, je ne parvenais pas à me faire un avis qui semblait rendre hommage à cette épopée visionnaire, autant qu'il me permettait d'être pleinement objective. Jules Verne est ce romancier hors du commun, cet auteur mythique aux idées géniales, cet écrivain à la plume riche, vivante et qui crée des protagonistes aux personnalités fougueuses et indépendantes, aux noms mémorables traversant les âges... Jules Verne était un rêveur invétéré qui a écrit pour les rêveurs des siècles à venir, pour l'emmener au bout du monde, le faire voyager vers des contrées lointaines au coeur même de la Terre, lui permettre, à sa manière, de s'évader de son quotidien vers un ailleurs enchanteur plein de promesses.

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  • Entre Terre et Lune, quelle est la place de l'homme ?

Pas d'inquiétude, je ne vais pas me lancer ici dans un panégyrique philosophique (même si, entre nous, le thème de ce paragraphe m'inspire beaucoup) ! Malgré tout, comment, après avoir lu un tel roman et découvert un sujet aussi innovant qu'imposant, ne pas réfléchir à la question de la place de l'homme en ce monde ? Après tout, l'humanité, même si elle a les capacités et possède les outils nécessaires à la conquête de l'univers, peut-elle se permettre de franchir les limites de son habitat ? C'est, à mon sens, une interrogation essentielle pour comprendre au mieux les mécanismes de ce roman. Au XIXe siècle, Jules Verne imaginait déjà les voyages lunaires. Ici, pourtant, le raisonnement à adopter se scinde en deux parties distinctes : l'auteur a-t-il eu l'idée de mettre sur pied un tel concept pour laisser son imagination florissante vagabonder librement ? Ou bien s'est-il servi de cette thématique improbable pour mettre en lumière la décadence sociale et sociétale, le déchéance humaine, le progrès qui, au lieu d'être salutaire pour le bien commun, incite l'homme à devenir plus conquérant et expansionniste qu'il ne l'a jamais été au cours de l'Histoire ?

Jules Verne pensait-il réellement que ce projet, tel qu'il le décrit dans son roman, unirait toutes les nations du monde dans un effort historique et économique ? Ou alors, était-ce pour mieux décrire, de manière implicite, la déliquescence progressive des états et leurs rivalités mutuelles qui, au fil du temps, ne font que s'accroître ? La vision futuriste et originale de l'auteur n'était-elle pas en réalité une alerte silencieuse, manuscrite, sur la régression lente et destructrice qui, inévitablement, conduirait les hommes à leur perte ? Peut-on qualifier Jules Verne de génie fataliste ? Avait-il compris, comme tant d'autres penseurs, que tout, finalement, n'était qu'une question de temps...

C'est, en tout cas, ainsi que je perçois cette réflexion. Une société se construit et se définit progressivement, elle écrit son histoire et trace son propre chemin ; mais sa route ne peut-elle pas être brutalement amenée à dévier de sa trajectoire ? Tout autant qu'il a su capter les désirs inassouvis de l'homme, Jules Verne a, je pense, magistralement retranscrit les questionnements divers, les défauts indélébiles et intemporels, car malheureusement toujours actuels, qui avaient déjà cours à son époque.

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En résumé, De la Terre à la Lune est un roman que j'ai apprécié, même s'il ne m'a pas totalement convaincue ! C'est une histoire incroyable, savante mais passionnante, qu'une écriture tantôt palpitante, tantôt rigoureuse, conduit de manière assez aléatoire. Les chapitres se succèdent et nous offrent des passages aussi intrigants qu'indéchiffrables, mais le tout est d'une singulière originalité qui donne tout son charme au roman. Un voyage stellaire merveilleux et indémodable !

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Détails sur ce livre :

De la Terre à la Lune, publié aux éditions Le Livre de Poche

Auteur : Jules Verne

Nombre de pages : 255 pages

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

12 avril 2020

La petite voix qui chante au fond de votre coeur

la-petite-voix-qui-chante-au-fond-de-votre-coeur- L'amour peut-il guérir le cœur ?

Nolan et Mary se percutent dans un box des urgences, à New York. Leur attirance est immédiate, irrésistible. Leur amour, évident. Pourtant, ces deux êtres sont noyés de peurs, de doutes. Arriveront-ils à dépasser leurs angoisses ? Et, une fois face à face, se laisseront-ils guider par le chant de leurs cœurs ? -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Isabel Komorebi, l'auteure de ce roman, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Deux âmes brisées, délaissées, oubliées. Deux coeurs battant à l'unisson d'un même rythme, d'un chant mélodieux et plein de vie. L'amour, seul, pour les réunir, les laisser s'aimer et oublier leurs souffrances passées... Dans un monde où tout va toujours trop vite, où le temps semble n'être qu'un jeu sans importance, les coeurs peuvent-ils encore se chercher, se trouver et ne faire qu'un dans le tumulte de l'existence ?

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  • L'on se rencontrera...

L'amour ne s'attend pas, l'amour ne se guette pas au coin de la rue, il se dissocie de notre âme pour se cacher, jouer avec les imprévus, le destin, sans jamais tricher pourtant. Il est farceur, mais pas cruel, et si quelquefois il nous fait souffrir, c'est le résultat seul de notre esprit tourmenté, hanté par les fantômes d'un passé que l'on préférerait oublier. Mais occulter ses blessures nous permet-il d'être heureux, de tirer un trait sur ces souffrances et de se laisser porter par la vie ? Là où le courant du hasard nous emmène, là où les flots parfois agités de notre coeur nous portent, peut-on rejeter l'idée même de connaître le bonheur sans se confronter à nos peurs profondes ? Comment peut-on espérer se libérer de ce poids auquel nous nous trouvons enchaîné sans avoir la force, le courage d'accepter ce qui fut pour créer ce qui sera ?

La petite voix qui chante au fond de votre coeur est un roman qui, sur fond romantique, tragique et merveilleux, pose des questions riches et intéressantes sur ce qui nous lie, en tant qu'êtres humains, aux valeurs spirituelles et émotionnelles qui, sans véritablement en comprendre les mécanismes, prennent forme dans notre inconscient. L'amour nous berce, il est léger, insouciant, passionné, dévorant, intense, jamais menteur, fourbe ou lâche. Il sait se montrer redoutable, inaccessible parfois, interdit même, mais ne connaît aucune frontière réelle. Si l'on détourne une phrase célèbre tirée d'un film tout aussi culte, et qui n'a pourtant aucun rapport avec la chronique du jour, je dirais que "l'amour ne peut être contenu, l'amour prend le large" (si vous avez reconnu Jurassic Park, bravo à vous !). L'amour n'est pas une chose, c'est un élément, un tout, l'amour est un univers à lui seul, un espace infini qui sommeille en chacun de nous, s'éveille et brille comme une étoile au firmament lorsque notre coeur bat d'un chant nouveau et plein de vie, tels les rayons du soleil baignant la Terre d'une chaude lumière. Le coeur est le moteur ronronnant de l'amour, il fait naître en nous des sentiments insoupçonnés, nous invite à écrire notre histoire, à tracer notre propre route pour, enfin, arriver au carrefour des choix décisifs, des colères sourdes pleines de rage, des chagrins dévastateurs, des incompréhensions teintées de larmes, des jours mornes qui, pareils à des graines balayées par le vent, se déposent ici et là dans notre existence et parsèment ce chemin de ronces noueuses aux épines acérées.

Ces bêtes noires rient de nous, de nos faiblesses, de ces plaies béantes qui, malgré le temps, restent ouvertes et déchirent un peu plus notre coeur déjà meurtri. Elles repassent, encore et encore, comme pour nous inviter à souffrir davantage, le film de nos déceptions, de nos désillusions passées, de nos joies manquées... Pourtant, caché derrière ces peurs innombrables, notre coeur vit, il se débat au milieu de ces angoisses tenaces et chante, chante, chante jusqu'à en perdre la voix ! Il enfle, se gonfle, éclate et clame au monde entier dans un battement que chacun peut entendre à sa manière son envie de vivre. Ainsi, Mary et Nolan, face à l'océan déchaîné qui semble fondre sur eux tel un raz-de-marée, restent soudés, unis dans un même effort, un seul et même désir, celui de se fondre l'un dans l'autre pour que leur amour inonde de sa lumière leur âme et qu'ensemble ils ne fassent plus qu'un.

Ici, il n'est pas question d'archétypes romantiques ou encore de stéréotypes malvenus. Isabel Komorebi n'imagine pas ses personnages, pas plus qu'elle ne les invente ou ne les crée. Mary et Nolan nous ressemblent, ils sont en chacun de nous, car nos coeurs renferment cette réalité à laquelle nous sommes totalement aveugles, cette envie que l'amour a de se frayer un chemin dans nos existences pour réunir deux âmes soeurs. L'auteure écrit la vie, l'amour vrai, sincère, l'amour qui ne connaît pas les impacts du temps, les frontières du monde, la différence... L'amour est universel, beau, chatoyant, à nous de l'accepter dans nos coeurs.

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  • ... et l'on s'aimera ♥

La petite voix qui chante au fond de votre coeur amène une philosophie de vie que je trouve peu commune dans la littérature, une pensée résiliente, observatrice, délicate, un message que j'ai pu lire dans les livres de Ninon Amey et que j'ai redécouvert avec plaisir dans ce roman d'Isabel Komorebi. La souffrance est dure, impitoyable, cassante, cruelle ; mais elle nous définit, elle fait de nous les hommes et les femmes que nous sommes, elle écrit notre histoire, raconte nos hauts et nos bas. De tout temps, la sagesse s'est demandée s'il était possible d'effacer la souffrance, de la faire disparaître à jamais... Lorsque le coeur nous dicte que les blessures ravivent la douleur, l'esprit nous raisonne et nous enseigne qu'une chose ne peut exister sans l'autre.

Yin et Yang ne forment qu'un, blanc et noir sont indissociables, Bien et Mal s'opposent depuis la nuit des temps, jour et nuit se relaient inlassablement dans le ciel sous les traits de la lune et du soleil... Mais là où notre réflexion nous dit de croire en un conflit perpétuel, immortel, des éléments, notre coeur, lui, sait que chacun est là pour compléter l'autre et créer l'harmonie, l'équilibre qui unit les hommes autant qu'il les divise. L'imperfection est en réalité parfaite, car elle seule peut amener Mary et Nolan à s'aimer pleinement, à faire naître la vie au milieu du chaos.

J'ai adoré cet aspect subtil mais terriblement émouvant de l'histoire, car l'auteure, grâce à sa plume mélodieuse, parvient à rendre ses personnages d'autant plus attachants qu'ils sont humains. Ce ne sont pas des héros à toute épreuve, des romantiques éperdus transis d'amour. Ils veulent s'aimer, s'apprivoiser, ils se cherchent et se comprennent, se parlent et se touchent, électrisant leurs corps d'une chaleur commune que le désir, autant que l'amour, consume de l'intérieur.

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En résumé, La petite voix qui chante au fond de votre coeur est un énorme coup de coeur ! J'ai tout aimé, je suis rentrée sans peine dans l'histoire, en suis ressortie avec un pincement au coeur une fois la dernière page tournée. Je me suis facilement identifiée aux protagonistes, je me suis attachée à eux, à leur rencontre, au destin qui les attend... Ce roman m'a transportée dans un ailleurs hors du temps, il m'a charmée et m'a permis d'écouter le chant de mon coeur qui bat au rythme de la vie, cette vie qui coule dans nos veines et irrigue les racines de notre Terre, berceau d'un amour sans limite.

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Détails sur ce livre :

La petite voix qui chante au fond de votre coeur, autoédité en ebook (existe aussi au format papier)

Auteur : Isabel Komorebi

Nombre de pages : 420 pages

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

7 avril 2020

Contes du jour et de la nuit

contes-du-jour-et-de-la-nuit- Parricides, ivrognes, enfants pervers, maris aveugles, ravissantes idiotes, bourgeois lâches et mesquins, paysans cruels et cupides, vous ne trouverez dans ces contes, de jour comme de nuit, que bourreaux ou victimes. Mais s'ils sont tous à tuer, ils tuent aussi beaucoup, ou se pendent, ou se tirent à la rigueur un coup de revolver dans la bouche par peur de la mort... Maupassant serait-il le grand ancêtre méconnu du néo-polar ? -

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Mon avis :

Dis-moi quel conte tu lis, je te dirai qui l'a écrit... Une phrase qui résume à elle seul le style, reconnaissable entre tous, de Guy de Maupassant. Grand écrivain de son temps, je vous avais parlé ICI de Pierre et Jean, un court roman puissant et mené tambour battant, oscillant entre ombre et lumière, amour et haine, raison et folie pure. Cette fois-ci, intéressons-nous à ce que l'auteur, maître du genre, sait si bien livrer à son public lecteur ! Laissons-nous porter par les mots, voyageons au gré de contes aussi légers qu'inattendus, clairs comme le jour, sombres comme une nuit d'encre...

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  • Au détour d'une histoire

Recensant quelques vingt nouvelles, ce recueil hétéroclite accueille aussi bien le récit cocasse teinté de mystère, que le conte plus noir et torturé, où subsiste une part d'incertitude dérangeante. Maupassant excelle dans l'art d'écrire de courtes histoires tantôt caustiques, salaces ou fanfaronnes, tantôt macabres ou inquiétantes, le tout sur des thèmes aussi variés qu'improbables. Le lecteur se retrouve ainsi confronté aux soupçons, fondés ou non, d'un facteur à l'imagination débordante, à la cruelle et sournoise vengeance d'une mère dévastée par la mort de son fils, à la rencontre étonnante de deux amoureux perdus de vue depuis fort longtemps, au parricide sordide commis par un jeune menuisier incompris, ou bien encore à l'éxubérante suprématie d'un enfant casse-cou qui mènera son père à la mort...

Tant d'autres sujets sont traités dans ce petit ouvrage qui regorge d'histoires passionnantes. Pour ma part, je les ai beaucoup aimées, et aucune n'a véritablement ma préférence, car la diversité du recueil permet l'exaltation des sens et la découverte d'une oeuvre riche, complète, accessible à tous. Le contenu se veut réaliste, agréable, mais empreint d'une philosophie de vie touchante. Chaque nouvelle interpellera le lecteur à sa manière, car Maupassant parvient à instaurer une confiance, une chaleur humaine imperceptible entre ses personnages, aussi vils et déplaisants soient-ils, et son lectorat. Il crée un climat bienveillant qui réussit à dédramatiser les pires situations et à attendrir le coeur des hommes face au destin, souvent irascible, qui se joue des différents protagonistes. D'autant qu'avec ces petits récits, Maupassant se livre à la mise en scène, à la description tout à la fois émouvante et saugrenue des vies paysannes et bourgeoises normandes qui le fascinaient tant. Curieux, son recueil fait également la part belle à la Corse, une terre rocailleuse, ensoleillée, sèche et marine, un monde énigmatique aux accents toniques et rageurs de la vendetta !

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  • Quelques mots de plus...

Il est difficile de parler d'un livre aussi court, à peine plus de cent soixante pages (sans compter les annexes, bien sûr), mais j'ai envie de conclure cette chronique sur la beauté, le charme qui émane de cet ouvrage. Dix pages suffisent à Guy de Maupassant pour planter le décor, introduire ses personnages, apaiser et dérouter en même temps l'esprit de son lecteur... Quel talent ! Car si la plupart des histoires relèvent de la nouvelle à chute, certaines présentent une fin moins inattendue que ne le laisse entendre le reste du récit. L'auteur embrouille, l'auteur réinvente et s'approprie véritablement ces contes, s'attachant à les rendre tout aussi divertissants qu'enrichissants. Sur le plan de la réflexion, nombre d'histoires vont nous amener à nous remettre en question par rapport à des comportements, des attitudes que nous pouvons avoir, ou à voir avec un regard nouveau, plus limpide et critique, le monde qui nous entoure, la société dans laquelle nous évoluons et dont les auteurs des temps passés, tel Maupassant, analysaient déjà les anciens travers et autres codes rédhibitoires.

Ainsi, le lecteur est non seulement amené à passer un agréable moment de lecture, mais également à s'instruire de manière implicite. Une lecture comme celle-ci induit inévitablement une pensée, un enseignement intérieur inconscient. Les idées traversent les âges, restent actuelles pour la plupart et s'inscrivent dans un cadre littéraire aussi passionnant que dérangeant. Les règles sociétales sont mises à mal, observées dans toute la splendeur de leur carcan rigide, décortiquées, finement tournées en dérision, ostensiblement rejetées par la fiction d'une histoire, la beauté de son intrigue, la magnificence de ses protagonistes, la force de son écriture...

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En résumé, j'ai adoré lire les Contes du jour et de la nuit ! Petite lecture rapide et intelligente, elle saura vous charmer et vous transporter dans une réalité d'un autre temps, une époque sublimée, enluminée par la plume sensible et vibrante d'émotions de Guy de Maupassant. Des nouvelles jouant avec notre perception mentale, usant de stratagèmes dignes d'un roman à suspense ou d'un thriller haletant pour maintenir l'attention du lecteur et s'amuser de le voir se perdre en conjectures qu'une chute insoupçonnée, brillante, vient interrompre d'un simple claquement de doigts.

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Détails sur ce livre :

Contes du jour et de la nuit, publié aux éditions Le Livre de Poche

Collection : Les Classiques de Poche

Auteur : Guy de Maupassant

Nombre de pages : 192 pages

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

3 avril 2020

Outlander - Tome 1

outlander-1- Au cours d'une promenade sur la lande, elle est attirée par des cérémonies étranges qui se déroulent près d'un menhir. Elle s'en approche et c'est alors que l'incroyable survient : la jeune femme est précipitée deux cents ans en arrière, dans un monde en plein bouleversement ! 1743. L'Écosse traverse une période troublée. Les Highlanders fomentent un nouveau soulèvement contre l'occupant anglais et préparent la venue de Bonnie Prince Charlie, le prétendant au trône. Plongée dans un monde de violences et d'intrigues politiques qui la dépassent, Claire ne devra compter que sur elle-même pour surmonter les multiples épreuves qui jalonnent ce formidable voyage dans le temps. Elle connaîtra l'aventure et les périls, l'amour et la passion. Jusqu'au moment crucial où il lui faudra choisir entre ce monde palpitant qu'elle aura découvert et le bonheur qu'elle a connu et qui, désormais, lui paraît si lointain... -

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Mon avis :

Il est des livres dont la lecture nous apparaît vitale, essentielle, mais pour lesquels nous n'avons de cesse de reporter la découverte. Prolonger le plaisir de l'inconnu, se complaire dans l'ignorance d'une histoire qui nous attire et nous fait en même temps frissonner comme seuls certains ouvrages, sans en avoir seulement lu la première page, parviennent à nous faire trembler d'appréhension. Ces livres détiennent pourtant les clés et renferment les secrets qui embraseront notre âme de lecteur et la laisseront se consumer lentement sous le feu de l'indécision. Coup de coeur ou déception, qui peut savoir...

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  • Les noeuds du temps

Élément aussi immatériel qu'insaisissable, le temps au long cours est un farceur, un être espiègle, un enfant immortel à la sagesse infinie, égarant les âmes esseulées, soufflant un chuchotis d'amour au creux de l'oreille... Il va et vient, inverse le cours des choses, s'amuse de notre fascination teintée d'incompréhension, sourit à la simple évocation des mystères qu'il se plaît à cacher dans ce que nous, les hommes, appelons le passé, le présent et le futur... Mais finalement, l'avenir que nous imaginons ne sera-t-il pas, un jour ou l'autre, le présent des nouvelles générations, aux yeux desquelles notre époque sera lointaine, fade peut-être, vieillie et dépassée ? Quant au passé qui fut le nôtre, les hommes qui le peuplaient alors avaient-ils imaginé un seul instant que les siècles défilant, le monde connaîtrait de tels changements ? L'Histoire ne peut le dire. Perdus dans les méandres de nos questionnements, l'essence même du temps nous échappe : être heureux, trouver sa route dans le dédale sinueux d'une ère oubliée ou, au contraire, encore inconnue.

C'est là toute la magie subtile du premier tome d'Outlander. Inconsciemment, je me suis attachée à ce XVIIIe siècle barbare, dangereux, inexploré du vivant de l'homme du XXIe siècle. Et pourtant... Peut-on réellement affirmer que notre monde, tel qu'il est aujourd'hui, est tellement plus civilisé et sécurisé ? Les risques de viol, les vols de rue, les duels entre bandes rivales, la délimitation des territoires, les courses-poursuites effrénées entre les bandits, les hors-la-loi et autres mécréants, et les représentants d'une justice parfois trop impartiale ou alors totalement inexistante... Sommes-nous à l'abri d'éviter une guerre sanglante de pouvoir, là où Anglais et Écossais se sont entre-tués pour asseoir sur le trône des souverains estimés de chacun ? L'homme moderne est-il davantage intelligent, cultivé et en parfaite adéquation avec son temps que ne le furent ceux des années 1700 ?

Ainsi, je me suis véritablement fondue dans cette intrigue passionnante et passionnée, dans laquelle se confondent la politique et ses enjeux, l'historique, la finance, l'amour... Ce sont les thèmes principaux et visibles dès les premiers instants de lecture. En creusant un peu la chose, j'ai pu m'apercevoir de la force symbolique qui se dégageait du texte et que Diana Gabaldon, l'auteure, a su décrire avec une justesse remarquable. La pensée de la romancière met notamment en avant que deux époques, à première vue aux opposés l'une de l'autre, si elles se trouvent juxtaposées dans l'espace-temps invisible, peuvent défier les préjugés temporels et se lier dans une harmonie inédite. C'est un peu comme si, malgré l'aspect littéraire de cette chronique, j'incluais également une partie scientifique qui viendrait étayer mon avis et vulgariser le fil rouge, à mi-chemin entre la physique et la philosophie, qui fait toute l'attractivité et le charme de ce roman. Ce tome 1 pose donc une, et même plusieurs problématiques intéressantes qui donnent à réfléchir sur le temps et son influence sur l'homme, l'impact qu'il a sur le monde végétal et animal, sans oublier les conséquences des choix qui sont faits et imposent tôt ou tard des bouleversements majeurs dans nos vies...

Si Claire n'avait pas franchi les frontières du temps, qu'aurait-elle su de cette existence trépidante, souvenir vivace dans les mémoires des anciens ? Son voyage résulte de plusieurs facteurs, scientifiques si l'on veut, mais laissons la féerie opérer, le hasard faire son oeuvre et les boucles temporelles se croiser lors d'un équinoxe d'automne que viennent égayer les célébrations traditionnelles des populations celtiques, aux abords d'un mystérieux cromlech. Les pierres chantent, résonnent d'un écho entêtant, appellent celle dont la destinée n'est autre que de traverser les âges...

giphy

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  • Je suis prest

Après le côté approfondi de cette lecture, revenons aux aspects plus légers qu'elle présente ! J'ai envie de m'attarder sur les personnages, surtout sur les deux principaux que sont Claire et Jamie. Claire, tout d'abord, car j'avais beaucoup de doutes en commençant ma lecture. Pourquoi ? Parce que la série TV adaptée des romans avait faussé ma perception de son caractère, et je l'avais mal cernée. Le feuilleton m'a donné l'image d'une femme pénible, vulgaire, désobéissante, nonchalante et désinvolte, sans oublier son inconscience totale. Bref, la série m'avait plus ou moins refroidie à son sujet et j'appréhendais ma rencontre avec la jeune infirmière au cours des huit cents et quelques pages du roman. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir en réalité une femme investie et soucieuse, qui n'est pas uniquement focalisée sur "Je veux retourner à mon époque, auprès de Frank...". Ce fut cette rengaine franchement déplaisante qui m'avait énervée dans l'adaptation, je ne supportais pas son personnage, car il me semblait qu'elle se fichait complètement d'avoir voyagé dans le temps jusqu'en 1743, et qu'il n'y avait pour elle qu'un seul et unique objectif : revenir en 1945 coûte que coûte. Dans le livre, pas du tout ! Claire est ouverte d'esprit, sensible, attachante, intelligente et maligne, débrouillarde et pleine de ressources face à cette expérience incroyable.

Elle est loin d'être pleurnicharde et faible comme elle peut l'apparaître dans la série (du moins, dans la saison 1, car je n'ai pas encore visionné la suite), et c'est ce côté fort et raisonné qui m'a beaucoup plu chez elle. Elle arrive à faire la part des choses, à peser le pour et le contre, à dissocier ses deux existences parallèles... C'est une femme concernée, impliquée, dévouée, un peu inconsciente par moments, mais sans jamais être effrontée plus que de raison, ou insubordonnée.

Quant à Jamie, il est dans le livre l'homme que j'avais pu voir dans la série TV. Charmant, beau, gentil, patient, compréhensif, doué pour le combat, mais également cultivé et prêt à se sacrifier pour protéger ceux qu'il aime. Bref, il a toutes les qualités ! Il pourrait être parfait, mais l'imperfection est humaine, et Jamie possède ses propres défauts qui font de lui quelqu'un d'entier, sans tomber dans un extrême de perfection exagérée, sans basculer non plus dans l'irresponsabilité horripilante des antagonistes : bien que calme, il est rageur, jaloux parfois, mais jamais violent et cruel. Il est à l'écoute, il comprend Claire et l'aime d'un amour démesuré, mais il ne lui tolère pas la désobéissance et attend d'elle qu'elle tienne son rôle de femme tout en lui accordant une liberté de conscience peu commune pour l'époque. C'est très juste et bien amené, l'écriture débordante de vie de Diana Gabaldon sublime tant le côté scientifique que littéraire et donne un charisme nouveau aux protagonistes, une personnalité qui définit chacun et les éloigne du manichéisme classique, occultant le noir et le blanc pour baigner dans un nuancier de gris.

Personnellement, j'ai été soufflée, transportée, j'ai adoré écouter les légendes écossaises autour d'un feu de camp monté à la hâte, dormir à la belle étoile, parcourir les plaines, traverser les épaisses forêts, chevaucher de village en village, coucher dans une humble auberge... Même les litres entiers de whisky bus tout au long de l'histoire par les personnages mettent du baume au coeur et donnent le sourire, invitant le lecteur dans une espèce de convivialité chaleureuse où les rires gras des hommes enivrés réchauffent bien plus le corps et l'esprit que les manières empruntées de l'armée anglaise !

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En résumé, le premier tome d'Outlander est un coup de ♥ ! Tant pour l'histoire que pour les personnages, c'est un voyage littéraire et temporel merveilleux qui s'offre à nous. Si la série TV suit dans la grandes lignes l'intrigue, je lui ai véritablement préféré le roman, plus complet et riche à mon sens, car il permet de mieux comprendre l'ensemble de l'oeuvre et d'aborder sans peine les thèmes qui y sont évoqués. Laissez la romance, légère mais efficace, rythmer votre découverte de cette magnifique saga, et baladez-vous au coeur des highlands en toute sérénité...

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Détails sur ce livre :

Outlander - Tome 1 : Le chardon et le tartan, publié aux éditions J'ai Lu

Auteur : Diana Gabaldon

Nombre de pages : 853 pages

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

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23 mars 2020

Croire encore au bonheur

croire-encore-au-bonheur- Amélia menait une vie paisible aux côtés de ses enfants et de son mari. Pourtant, tout a basculé le jour où celui-ci a brutalement disparu dans une terrible explosion… Après avoir connu la perte de celui qu’elle considérait comme l’homme de sa vie, Amélia se débat seule entre l’éducation de ses enfants et la gestion du quotidien. Son précaire équilibre est fragilisé avec l’arrivée d’un mystérieux voisin, aussi charmant que troublant.

De l’autre côté de la Manche, le célèbre chanteur Joshua Darell voit sa sécurité compromise. Las que ses moindres faits et gestes soient constamment révélés dans la presse, il décide de s’exiler en France dans le plus grand secret… Sa rencontre avec la jeune mère de famille lui confirmera que le bonheur ne se mesure ni à la notoriété ni à la richesse.

Au fil des mois, une étonnante histoire s’écrit, laissant place à des sentiments nouveaux que ces deux-là pensaient ne plus avoir le droit d’éprouver. Mais alors qu’Amélia et Josh se découvrent et s’apprivoisent petit à petit, des évènements inattendus mettent à mal leur amour naissant…

Tandis que tout semble se liguer contre eux, peuvent-ils croire encore au bonheur ? -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Ninon Amey, l'auteure de ce roman, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Le bonheur. Un thème tout aussi passionnant que complexe, qui fascina et fascine, aujourd'hui encore, l'intellect collectif. Pur produit de l'inconscient humain ou quête véritable d'une joie simple et merveilleuse ? Qui peut répondre à cette question sans passer par de vastes interrogations... Pourtant, au coeur même de ces innombrables questionnements, se pourrait-il qu'un roman réussisse à nous donner les clés ?

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  • La mélodie du bonheur

L'actualité de ces derniers temps laisse peu de place à la sérénité. La panique, les angoisses, le stress, l'anxiété et la peur sont tout aussi virales que peut l'être la pire des maladies. Le moral en prend un coup, l'ennui s'installe... Alors, en cette période difficile, pour pallier à l'inquiétude et mettre au placard les idées noires, il est essentiel de se distraire et d'apporter un maximum de réconfort aux personnes fragiles et qui souffrent de la morosité ambiante. Mon conseil lecture du jour est un concentré de bonne humeur, d'amour, de tendresse... Voyageant entre l'Angleterre et la France, Croire encore au bonheur, le dernier roman de Ninon Amey, m'a transportée bien au-delà de tout ce que j'ai pu imaginer.

Avec cette histoire, l'auteure aborde des thèmes à la fois beaux et importants, comme la résilience, le deuil, mais aussi l'acceptation de soi, la gestion de la célébrité et du stress intense qu'elle provoque. À la lecture de cette adorable romance, ce n'est pas une question qui se pose, mais une affirmation qui vient en tête : lorsque l'on a touché le fond, on ne peut que remonter à la surface. Et c'est bien vrai ! Après tant d'épreuves traversées, la seule chose à faire est d'espérer, de croire que tout est encore possible. Pour Josh et Amélia, nos deux attachants héros, le happy ending a-t-il sa place en plein coeur de la tourmente ? Mystère ! Pas de spoil ici, je préfère taire leur destin et laisser la magie des mots faire son oeuvre auprès des lecteurs curieux qui n'auraient pas encore fait leur connaissance.

Quoi qu'il en soit, on se laisse bercer par la douceur qui se dégage de l'intrigue, on retombe en enfance le temps de quelques classiques de la chanson Disney (si vous l'avez déjà lu, vous comprenez certainement de quoi je parle), on apprécie les moments intimes entre Josh et Amélia, ces instants partagés relevant de la plus pure forme de romance qui existe. La plume légère et enchanteresse de Ninon Amey nous amène au-dessus des nuages, dans un cadre qui pourrait être idyllique et parfait si quelques rebondissements savamment placés ne venaient pas déstabiliser le lecteur et l'impliquer pleinement dans l'histoire, le laissant déverser toute la rage amoureuse trop longtemps contenue. Les minces espoirs s'envolent, effilochés au gré de vents contraires, parfois violents... La tempête gronde au dehors, les nuages assombrissent notre coeur désillusionné, et pourtant, malgré les trop nombreux obstacles sur notre chemin, il n'est pas vain d'espérer le retour du soleil, sa lumière bienveillante qui réchauffe notre âme et fait fondre la prison de glace qui laissait s'éteindre à petit feu l'étincelle de vie brillant en nous.

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  • Cultiver son jardin intérieur

Le confinement que nous vivons en ce moment est propice à de nombreuses activités culturelles. Écouter de la musique, chiller (raisonnablement, bien sûr) devant Netflix, cuisiner, prendre soin de soi, regarder des vidéos (avec modération, là aussi) sur YouTube et lire. On ne le dit pas assez souvent, mais la lecture est une activité extra qui ne s'adresse pas seulement aux intellos à lunettes. Non ! C'est le moment de se faire plaisir, de partager autour de ça, de faire des découvertes inattendues, de nouer des liens avec la communauté littéraire présente sur Instagram, Livraddict et autres...

La lecture vous emmènera dans des mondes merveilleux, qu'ils soient réels ou non, elle vous fera voyager à travers le temps et l'espace sans bouger de votre canapé. C'est un moyen d'évasion, car les auteurs ont ce don de nous aider à évacuer les tensions accumulées depuis trop longtemps, à nous plonger avec passion dans une intrigue captivante mettant en scène des personnages atypiques, héroïques ou bien détestables à souhait. Les possibilités sont infinies, et si, pour vous, le genre littéraire qui vous apporte réconfort et sérénité est la romance, alors celles qu'écrit Ninon Amey ne pourront que vous mettre du baume au coeur. Chacune à leur manière, elles mettent en avant des sujets parfois difficiles, des thématiques sur lesquelles il n'est d'ailleurs pas toujours évident de composer. Pourtant, l'auteure parvient à traiter ces idées avec une force touchante, une force délicate qui permet au récit d'aller de l'avant sans tomber dans la mièvrerie romantique et, de l'autre côté, sans basculer dans le drame tragico-romantique. À chaque histoire ses personnages avec des traits de caractère qui les rendent attachants, séduisants, qui permettent au lecteur, même virtuellement, de faire preuve de compassion et d'empathie et qui donnent cette touche incomparable à l'intrigue, ce petit soupçon d'inconnu qui met le sourire aux lèvres.

On s'émeut, on s'attendrit, on rit, on pleure, on vit ces histoires et on peut même s'y identifier, s'y retrouver. Ninon Amey est la metteuse en scène talentueuse de ses romans, elle écrit pour son plaisir et celui de ses lecteurs, elle cherche le mot juste, celui qui saura transmettre toutes sortes d'émotions, celui qui donnera toute son authenticité à l'histoire, et celui, enfin, qui saura rester beau et simple.

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En résumé, Croire encore au bonheur est une lecture coup de ♥ ! Un récit magique, des personnages bien construits, une auteure autoéditée à découvrir de toute urgence pour mettre de l'amour, de la joie, de la bonne humeur et, surtout, du bonheur dans nos existences confinées. Une dose de douceur et de positivité dans un monde prêt à exploser, un monde où tout va trop vite...

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Détails sur ce livre :

Croire encore au bonheur, autoédité en ebook (existe aussi au format papier)

Auteur : Ninon Amey

Nombre de pages : 358 pages

Sortie le 6 mars 2020

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

17 mars 2020

La Faute de l'abbé Mouret

la-faute-de-l-abbé-mouret- Serge Mouret est le prêtre d'un pauvre village, quelque part sur les plateaux désolés et brûlés du Midi de la France. Barricadé dan sa petite église, muré dans les certitudes émerveillées de sa foi, assujetti avec ravissement au rituel de sa fonction et aux horaires maniaques que lui impose sa vieille servante, il vit plus en ermite qu'en prêtre. À la suite d'une maladie, suivie d'une amnésie, il découvre dans un grand parc, le Paradou, à la fois l'amour de la femme et la luxuriance du monde. Une seconde naissance, que suivra un nouvel exil loin du jardin d'Éden... -

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Mon avis :

Quel plaisir de retrouver la plume de Zola dans ce cinquième tome des Rougon-Macquart ! La découverte de cette merveilleuse fresque familiale, saga littéraire incroyable, est pour moi du bonheur à l'état pur, car je savoure la lecture de chaque volume qui passe entre mes mains. Me voilà à présent rendue au quart de la série, prête à faire le point sur ma récente lecture de La Faute de l'abbé Mouret...

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  • Une réécriture moderne et efficace

Il est des livres surprenants, des livres qui nous entraînent dans leur sillage, nous prennent par la main et nous tirent vers l'inconnu. Sans savoir ce qui nous attend, nous pénétrons dans un univers qui, bien qu'ancré dans une réalité historique, nous apparaît de manière tout à fait irréelle, immatérielle, comme si le temps n'avait aucune emprise sur l'intrigue et ses personnages... Simple imagination ou talent de l'auteur ? Personne ne peut savoir et affirmer avec certitude qu'il s'agit de l'un ou l'autre. Pour ma part, je pense que ce roman relève d'un habile mélange de ces deux points de vue et réunit toutes les conditions nécessaires pour en faire un énorme coup de coeur, tout comme les quatre précédents volumes !

Tout d'abord, confrontons-nous au point majeur de cette histoire : réécriture façonnée, imagée mais profonde de la Genèse biblique, La Faute de l'abbé Mouret est un récit d'une intensité tout à la fois merveilleuse et inquiétante. Émile Zola, puisant dans les ressources et les racines de l'humanité, insuffle l'énergie et la puissance qui font de cette histoire un ouvrage au charme angoissant. Situé entre ombre et lumière, oscillant entre Bien et Mal, hésitant entre la vie et la mort... Un poison lascif qui se distille progressivement dans les veines de nos personnages, répandant en eux une toxine aux effets destructeurs, au pouvoir capable de briser un esprit et de diviser les coeurs.

Faisant fi des principes de son époque, Émile Zola conçoit son intrigue sur la tentation, l'envie, le désir, les pulsions irrépressibles qui trahissent l'abstinence choisie par Serge Mouret. L'abbé, pourtant si reclus dans sa foi, si convaincu de son amour pour Dieu, ne se laisserait-il pas aller à une dévotion suprême envers la Vierge Marie ? Fébrile, à la limite d'un amour interdit, l'ecclésiastique fuit la vie réelle baignée de la lumière chaleureuse du soleil, parfumée de l'odeur de la terre, bruyante des cris d'animaux, résonnant de la joie innocente et des rires cristallins des jeunes filles du village... Délaissant une réalité démystifiante à ses yeux, l'abbé Mouret préfère se réfugier dans le sein réconfortant, dans la virginité inaccessible et pure de Marie, la Sainte Vierge qui lui offre la douceur et l'amour simple d'une femme sans commettre l'infâme péché de chair. Mais à force de croyances maladives, d'incessantes litanies et d'interminables prières, à force d'offrande de son corps, de son coeur et même de son âme tout entière à la seule détentrice de sa foi, l'isolement psychologique du jeune Serge pourrait bien, tôt ou tard, causer sa chute et provoquer sa descente aux enfers.

Ainsi, l'on se trouve face à une intrigue incisive et percutante, sombre, menée tambour battant, mais qui se veut également visuelle, auditive et odorante, respirant les mille et une fragrances composant les allées, les jardins, les chemins et les parcs aux senteurs diverses, d'un massif de fleurs au parfum capiteux jusqu'à l'arbre verdoyant dégoulinant de résine mielleuse, en passant par les herbes folles dont se dégage une fraîcheur incomparable. Le clapotis rassurant d'un ruisseau tout près apaise l'oreille, la vue de la nature sauvage, paradisiaque, idyllique, propice à laisser naître les amours, enchante l'esprit fougueux, vivant d'une jeunesse nouvelle de la blanche Albine et de l'impétueux Serge, tandis que chantent les oiseaux nichés au creux des troncs moussus et que résonnent les grésillements étranges et autres stridulations des insectes cachés ici et là.

Définitivement, Zola sait comment emballer, comment emporter son lecteur, comment lui permettre de s'évader sans pour autant voyager dans des mondes inconnus peuplés de créatures imaginaires. L'humain seul, terrifiant parfois, suffit à étonner son public, à amener la réflexion nécessaire vis-à-vis de ses propres convictions, à induire ce doute dérangeant qui perturbe et laisse l'esprit critique faire son oeuvre. Ce roman est loin de m'avoir laissée indifférente, et sa lecture n'en fut que plus magique, tragique aussi, car le récit, s'il est dépaysant, offre une palette d'émotions, une nuance de sentiments allant de l'exaltation profonde à la confusion la plus totale, en passant par le chagrin désespéré, torturé, déchaîné par une foule d'idées contradictoires.

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  • Un classique après l'autre...

Lu dans le cadre du Classic Year Challenge dont je vous ai parlé juste ICI, La Faute de l'abbé Mouret m'a impressionnée, car Zola met toute sa force d'écriture et tout son talent d'auteur au service d'un roman riche de détails, foisonnant de couleurs, criant d'une vérité déchirante de réalisme. Il est, je pense, impossible de rester insensible face à une telle histoire, et ce, malgré les longueurs, les passages à rallonge sur lesquels l'on pourrait pinailler. Tout comme avec les quatre premiers tomes des Rougon-Macquart, Zola frappe fort et, surtout, frappe juste. Il n'est pas dans le déni littéraire de ce qu'il raconte, pas plus qu'il n'exagère la mise en scène de son récit. Les personnages d'Albine et Serge, aussi complémentaires que contraires, s'imbriquent parfaitement dans le contexte luxuriant de cet Éden aux barreaux dorés : prisonniers d'un amour impossible, tous deux dévastés par cette relation inaboutie, ils sont, pour l'une, les pantins d'une société dont ils doivent suivre aveuglément les règles et, pour l'autre, les jouets désoeuvrés d'une génétique familiale servile.

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En résumé, La Faute de l'abbé Mouret est un énorme coup de coeur pour moi ! Encore une fois, j'insiste sur l'intensité voluptueuse qui se dégage de l'intrigue et qui lui confère sa beauté vénéneuse. Même la plus belle des fleurs peut renfermer le plus mortel des poisons... Ce roman, aussi grandiose et extraordinaire soit-il, cache au fil des pages des épines redoutables dans l'ombre desquelles se tapit la fièvre florissante que seul Émile Zola sait donner à ses livres.

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Détails sur ce livre :

La Faute de l'abbé Mouret, publié aux éditions Le Livre de Poche

Auteur : Émile Zola

Nombre de pages : 510 pages

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

15 mars 2020

Pour une étreinte

pour-une-étreinte- Après avoir échappé de peu à un mariage arrangé, lady Rose s’épanouit dans son rôle d’ambassadrice à la Cour du Roi. Passionnée par son nouveau travail, elle préfère ne pas penser au prochain prétendant que son père choisira pour elle. Quand, à la suite d’un incident, son chemin croise celui de Kalen, l’un des premiers valets du roi, elle découvre des sentiments qu’elle préférerait combattre.

Travailleur et fier de ses responsabilités envers le royaume, Kalen ne peut combattre la flamme que lady Rose fait naître en lui. Alors qu’il succombe à son charme, il n’ignore pas que la future Comtesse ne lui est pas destinée… Cependant, certaines choses sont trop absolues pour être combattues.

Quand un monde sépare des amants faits pour être ensemble, les sentiments sincères peuvent-ils être suffisants ? -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Liv Fox, l'auteure de ce roman, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Alors que leur coeur ignore tout de l'amour véritable, deux êtres que tout oppose peuvent-ils voir leur destin basculer par le simple frôlement d'une étreinte ? La force profonde des sentiments parviendra-t-elle à faire face à l'ordre des choses ? Est-il encore possible d'aimer lorsque l'inéluctable vérité nous rattrape et réduit à néant nos minces espoirs de bonheur ?

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  • Le gouffre des larmes

Liv Fox a ce pouvoir de conteuse qui transporte son lecteur au loin, qui l'amène au coeur même de contrées inexplorées et l'envoûte grâce au charme qui se dégage des histoires qu'elle écrit. Chaque récit est empreint d'une forme de sensibilité qui lui est propre et fait de chacune de ces intrigues une romance à part entière, créant une bulle de douceur unique qui emporte le lecteur et les personnages dans un monde inaccessible. Comme ses soeurs aînées, Pour une étreinte se fait suave et intelligente, généreuse et modérée, belle et intense.

Aux côtés de Rose et Kalen, l'on apprend qu'aucun obstacle, aussi infranchissable puisse-t-il paraître, ne peut barrer la route de notre destinée. Que l'on y croit ou pas n'a pas d'importance, car seul l'appel du coeur parvient à se frayer un chemin au-delà des frontières de l'invisible et à toucher les émotions profondes de notre âme soeur. Un geste anodin, la réciprocité des sentiments seuls suffisent à bouleverser le quotidien de ces deux êtres qui se côtoyaient sans se voir et se persuadaient tant bien que mal de la naïveté de leur esprit. Pourtant, que faire lorsque la voix joyeuse du coeur distille dans nos veines la vie et les couleurs qui manquaient à notre existence, tandis que le silence creux de la raison siffle à nos oreilles un vent de doutes et d'incertitudes ?

Dans chacune de ses histoires, Liv Fox confronte ses héros à des dilemmes que l'on pourrait qualifier de cornéliens, tant il est difficile d'opter pour le poison ou les larmes. Mais finalement, le remède ne serait-il pas pire que le mal ? Par honneur, Rose se résout à abandonner ses rêves, choisit délibérément de garder seulement le souvenir de ces moments heureux, de ces instants éphémères... Oscillant entre un bonheur de façade et un chagrin muet, peut-elle encore espérer rebondir après avoir touché le fond de sa détresse ? Aucun spoil dans cette chronique, je trouve que la magie des mots de cette romance suffit à chasser la grisaille ambiante et à laisser les rayons du soleil réchauffer notre âme pour que l'hiver maussade cède la place au printemps plein de vie.

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  • À la découverte de Liv Fox...

Ce n'est pas la première fois que je mets Liv Fox à l'honneur sur le blog, car chacun de ses romans a fait l'objet d'une chronique sur ces pages. D'ailleurs, si vous ne connaissez pas les autres ouvrages qui composent sa bibliographie, je vous invite à cliquer ICI, ICI, ICI et . Cinquième tome d'une série de romances doudou, Pour une étreinte est une très jolie histoire pleine de tendresse qui a su m'émouvoir et me faire sourire, comme seul un bon livre sait le faire.

Voilà quelques mois que j'ai fait la connaissance de cette auteure et de ses ouvrages, et je guette à chaque fois avec grande impatience la sortie de ses prochains livres car, comme avec Ninon Amey ou Valérie Bel, je sais n'être jamais déçue et passer un agréable moment en tête à tête avec une intrigue passionnante et des héros indéniablement bien construits.

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En résumé, Pour une étreinte est un coup de ♥ ! Un roman d'une centaine de pages qui vous transportera dans un ailleurs enchanté et qui saura vous toucher à sa manière si vous lui laissez sa chance. Un condensé de bonheur, une lecture plaisir, un voyage merveilleux au Royaume de Lumière, aux côtés de personnages attachants, à la découverte de l'Amour avec un grand A...

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Détails sur ce livre :

Pour une étreinte, autoédité en ebook

Auteur : Liv Fox

Nombre de pages : 150 pages (au format numérique)

Sortie le 26 février 2020

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

16 février 2020

Un amour de sacrifice

un-amour-de-sacrifice- Marie aura 50 ans dans quelques jours. Paul, l'homme avec lequel elle entretient une relation depuis trois ans, est beaucoup plus jeune qu'elle. Il est en âge de devenir père, elle ne peut plus être mère.

Et si, par amour, elle décidait de faire le plus difficile des sacrifices ? Et si Paul réagissait de façon inattendue ? -

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Mon avis :

Je tiens à remercier Valérie Bel, l'auteure de cette nouvelle, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Que serions-nous prêts à faire par amour ? Aurions-nous le courage de songer à l'impensable ? Ces derniers temps, chacune de mes lectures me porte, à sa manière, vers ces questionnements, vers ces interrogations secrètes, énigmatiques, de vastes réflexions qui m'amènent à penser que la seule frontière qui nous sépare du bonheur amoureux est celle que nous choisissons d'ériger face à nos peurs profondes de l'inconnu et de ses mystères cachés...

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  • Ne me quitte pas

Chanson magnifique et puissante du répertoire de Jacques Brel, Ne me quitte pas m'inspire la supplique désespérée de Paul, l'amant de Marie, qui s'évertue à prouver son amour à celle qu'il aime et chérit plus que tout au monde, sous le regard vide et terne de cette femme qu'il adore. Pourtant, à 50 ans, Marie commence à voir la vie sous un nouvel angle et remet peu à peu en question la relation qu'elle entretient avec cet homme qu'elle aime et qui l'aime passionnément en retour. Elle qui ne peut rien lui offrir des cadeaux merveilleux de la fraîcheur, de la jeunesse du corps et de l'âme, elle qui ne peut réaliser son souhait de fonder une famille, comment peut-elle envisager de briser ses rêves et de réduire à néant ses espoirs au seul prétexte d'un caprice égoïste ?

Ainsi, Valérie Bel compose ici une courte tragédie romantique, où l'héroïne se trouve piégée entre la raison et le coeur. Tandis que l'une lui crie de renoncer à cette folie illusoire, l'autre tente de la rassurer et d'amener un peu de lumière dans les ténèbres de son existence. Cette nouvelle n'est pas sans me rappeler la pièce antique Antigone, dont l'histoire, devenue célèbre au fil du temps, nous raconte le destin funeste d'une femme qui, par amour de ses convictions, refuse de se plier aux bonnes moeurs, aux devoirs légitimes qui lui incombent. Un récit épique et intense, que Valérie Bel retranscrit de manière subtile et moderne sous les traits d'une quinquagénaire fatiguée, perdue dans les méandres de sa conscience. À l'inverse d'Antigone pourtant, Marie ne possède pas cette foi indestructible, cette détermination sans faille qui caractérise la jeune princesse grecque dans l'oeuvre de Sophocle et de Jean Anouilh. Ici, l'héroïne ne choisit pas de rester forte et brave, elle n'est pas convaincue de ses propres décisions et s'isole dans le déni pur et simple de ses sentiments véritables. Marie choisit de ne pas faire face à cette réalité qui s'impose à elle, qui l'attire inexorablement et qu'elle cherche vainement à repousser.

De par son humanité hésitante et frémissante d'incertitudes, Marie se voit errer dans les limbes d'une vie monotone, d'un quotidien assombri par le doute, les remords, les regrets que le temps, entité à l'humeur changeante, à la personnalité imprévisible, induit sournoisement dans son coeur ravagé par la tristesse sourde que les larmes ne parviennent pas à endiguer. La question qui se pose alors m'amène à porter sur cette magnifique histoire un regard métaphorique, à l'imaginer sous un angle plus philosophique pour mieux la comprendre : destin ou hasard, chacun(e) de nous est amené(e) à suivre une voie qui lui est propre, à tracer un chemin que seules nos décisions sont en mesure de dessiner pour nous permettre d'emprunter les différentes routes de notre existence. Un fil rouge invisible nous suit inlassablement, témoin de ce qui fut, de ce qui est et de ce qui sera, courant au loin, point quasi imperceptible à l'horizon... Alors que ce lien avait conduit Marie à connaître le bonheur aux côtés de Paul, elle a choisi d'emprunter un parcours sur lequel aucune corde écarlate ne serpente pour la guider. Elle marche, seule, désemparée, effondrée, elle chemine doucement sans savoir où ses pas la mèneront. La tentation de faire demi-tour ne la quitte pas, les empreintes laissées dans le sable de sa déchéance sont encore là, derrière elle, mais la faible persuasion qui l'habite l'en dissuade à jamais.

Alors qu'une nouvelle histoire semble s'écrire pour Marie, le sentier constamment obscurci par la tempête sur lequel elle avance péniblement pourrait-il être un raccourci inattendu vers la lumière ? Je n'en dirai pas davantage ici, car la lecture de cette nouvelle vaut vraiment le détour et nous apprend que quoi qu'il arrive, une force au-dessus de nous, une main bienveillante nous amène toujours à vivre cette vie qui n'appartient qu'à nous.

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  • Un récit autoédité

L'autoédition est une merveilleuse aventure littéraire que j'ai le plaisir de connaître sous ses deux aspects principaux : la chronique et l'écriture. En tant que blogueuse, j'aime découvrir des auteur(e)s autoédité(e)s, partager et échanger avec eux tout comme je le fais avec vous, mes lecteurs et abonnés, j'aime comprendre et apprécier leurs histoires, me plonger dans leur imaginaire romantique, feel good, fantastique, fantasy... C'est une expérience enrichissante et dont, je trouve, nous sommes trop peu à parler, car l'autoédition ne vaut pas moins que l'édition classique ! L'on peut être déçu par un livre publié dans une grande maison d'édition, tout autant qu'il peut arriver de ne pas adhérer à une intrigue autoéditée.

Ce sont là les aléas de la vie de lecteur, qui font que certaines de nos découvertes nous laissent un souvenir mémorable, mais pas forcément dans le bon sens du terme. Et aujourd'hui, avec cette chronique, j'ai envie de rendre ses lettres de noblesse à l'autoédition, qui contient de merveilleuses pépites que je n'aurais jamais soupçonnées si je n'avais pas fait le premier pas vers ce chemin peu commun de la littérature. Alors, n'ayez pas peur de laissez entrer dans vos vies des ouvrages comme ceux de Valérie Bel, car ils ouvrent des portes vers des mondes fabuleux qui pimentent le quotidien et lui apportent cette petite touche de magie !

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En résumé, Un amour de sacrifice est une lecture que j'ai tout simplement adorée ! Ne vous fiez pas à la trentaine de pages de ce récit, laissez-le vous charmer à sa façon, laissez-le travailler dans l'ombre de votre inconscient à vous donner le sourire et à vous faire aimer la vie comme jamais auparavant... Une courte aventure au pays de l'Amour, une nouvelle poétique et pleine d'émotions.

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Détails sur ce livre :

Un amour de sacrifice, autoédité en ebook

Auteur : Valérie Bel

Nombre de pages : 30 pages (au format numérique)

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

coup de coeur

11 février 2020

Les morts ne pleurent pas - L'assassin aux perles

les-morts-ne-pleurent-pas- Londres, décembre 1843. Le corps d’une deuxième femme vient d’être découvert. Scotland Yard se retrouve dans l’impasse, alors que les crimes se poursuivent. Pour faire avancer cette enquête complexe, l'inspecteur Dorian Griffiths en appelle au Dr Johnstone, un expert médico-légal confirmé qui dirige une entreprise de pompes funèbres. -

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Mon avis : 

Je tiens à remercier Eve Ruby Lenn, l'auteure de ce roman, de m'avoir accordé sa confiance pour la lecture et la critique de son livre.

Une enquête au coeur du Londres victorien ? Un mystère à la Arthur Conan Doyle ? Un inspecteur façon Sherlock Holmes ? Il ne m'en fallait pas plus pour me laisser tenter par ce roman autoédité intelligent et bien écrit, dans lequel la malice de l'auteure crée une ambiance oppressante où le suspense est à son comble à chaque page...

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  • Au carrefour du crime...

L'intrigue de ce roman est un véritable défi. Défi de réflexion, de ruse, d'attention, de compréhension... Eve Ruby Lenn nous plonge dans une enquête tourmentée où le lecteur curieux et à l'appétit livresque insatiable peut laisser libre cours à des hypothèses et des suppositions aussi farfelues que concrètes. Qui est "l'assassin aux perles" ? Pourquoi agit-il ainsi ? Qui sera sa prochaine victime ? Une affaire pleine de rebondissements qui voit s'épaissir le mystère un peu plus à chaque seconde, brouillant les esprits perdus en conjectures délicates et insensées...

Où l'auteure souhaite-t-elle nous emmener ? Quel sera le point de chute de son récit ? Parviendrons-nous à démasquer le coupable ? Seule la lecture de ce polar pourra répondre à ces questions qui, noyées dans l'inconnu, nagent dans le flou le plus total. Pourtant, l'intrigue, détaillée et complexe, ne s'attarde pas outre mesure sur la difficulté de Scotland Yard à mener à bien cette enquête. Au contraire, l'histoire ne s'essouffle jamais et trouve toujours une issue secondaire aux obscurs ennuis des deux détectives missionnés par la police britannique : une romance, légère et brève, s'inscrit sans problème dans le contexte inquiétant du livre, tout autant que le passé peu ordinaire des personnages remonte à la surface de leur mémoire et resurgit de manière brutale en ces temps troublés...

D'ailleurs, l'enquête qui nous intéresse se concentre exclusivement sur la psychologie de chacun des protagonistes. Quelques mots, un geste inattendu, une ligne ou deux savamment rédigées laissent le doute se tapir dans un recoin de notre cerveau, faisant travailler notre inconscient à l'élucidation de ce mystère. Mais finalement, qui croire ? Que penser ? À qui se fier ? L'auteure nous balade habilement de droite et de gauche, usant d'une répartie parfois cinglante pour donner le ton de cette affaire aux accents meurtriers. Tout ceci n'est pas sans rappeler les agissements de Jack l'Éventreur qui, tout comme "l'assassin aux perles", sévit lui aussi dans les bas-quartiers de Londres, emportant à tout jamais le secret de son identité. Ainsi, Les morts ne pleurent pas, un roman plein de perspicacité et de talent, se trouve être le mélange astucieux et audacieux d'un Sherlock Holmes inédit et d'une réalité glaçante de l'Angleterre victorienne.

Mais là où le détective imaginé par Arthur Conan Doyle se révèle être d'une sagacité et d'une volonté désarmantes, l'inspecteur Dorian Griffiths est plutôt le policier pacifique, spectateur en quelque sorte, désinvolte et hautain, agaçant parfois, borné et impulsif... Si ses déductions s'avèrent judicieuses, sa manière d'agir et de penser s'arrête là où celle de ce bon vieux Sherlock Holmes s'exprime librement, sans aucune limite. Et malgré tout, son personnage ne m'a pas été antipathique et détestable, car si son professionnalisme reste assez terre-à-terre et vieille école, l'empathie et l'humanité dont il fait preuve de temps à autre sont des qualités non négligeables.

En parallèle, le docteur Johnstone et sa fille Trinity sont tout aussi intriguants que cet inspecteur revêche, laissant plus d'une fois planer leur doute sur leur personne. Jeune femme déstabilisante, Trinity est hantée par les fantômes de son passé, condamnée à vivre dans la peur du monde, lasse d'évoluer dans ce semblant de société qui ne lui inspire plus confiance. Quant à son père, sa personnalité étonnante en fait un protagoniste à part entière, créant autour de lui tout un univers énigmatique que l'auteure se plaît à entretenir. Ils sont tous deux des piliers du récit, et confèrent à l'intrigue son côté tantôt humoristique, tantôt léger, mais également romantique, dramatique...

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  • Une découverte littéraire

Avec ce roman, je découvre la plume et le style d'Eve Ruby Lenn. Son écriture truculente m'a permis d'apprécier tout le pittoresque, la saveur piquante de cette enquête troublante. Sous son regard attentif, les personnages se font acides, silencieux, drôles, curieux aussi, et possèdent un caractère au charme suffisant pour créer un lien entre eux et le lecteur. Versé dans l'ombre, virant parfois au thriller au suspense terrifiant, Les morts ne pleurent pas nous offre une intrigue dépaysante, sanglante, angoissante et captivante à souhait, car le fin mot de cette histoire ne peut pas et, surtout, ne doit pas nous échapper ! Ainsi, l'auteure ensorcelle son lectorat du début à la fin, elle arrive à nous prendre au jeu macabre de découvrir le responsable de ces actes sans nom. Et la chute garde en elle cette part de surprise, d'attente insoutenable et de révélations insoupçonnées.

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En résumé, j'ai adoré ma lecture de cet incroyable roman qu'est Les morts ne pleurent pas ! Si vous êtes à la recherche d'une enquête passionnante qui renouvelle le genre du polar, où se mêlent également des intrigues secondaires qui pimentent le récit et lui apportent une touche d'inattendu, alors ce livre est fait pour vous. Partez à l'aventure et découvrez qui se cache derrière le nom de "l'assassin aux perles"...

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Détails sur ce livre :

Les morts ne pleurent pas - L'assassin aux perles, publié aux éditions Librinova (existe aux formats papier et numérique)

Auteur : Eve Ruby Lenn

Nombre de pages : 237 pages (au format numérique)

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Je vous dis à bientôt pour un prochain article et je vous souhaite de faire de belles lectures.

Sue-Ricette

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